Vers une "nouvelle normalité"
Bien que le manque de personnel soignant dans les hôpitaux et maisons de retraites soit un problème bien identifié en Autriche, le pays peut s’appuyer dans cette crise sur un système de santé particulièrement bien préparé. Selon une étude de l’OCDE et de la Commission européenne, les dépenses de santé par habitant atteignent 3 900 euros en 2017, soit 1 000 euros de plus que la moyenne européenne, et les dépenses de santé ramenées au PIB atteignent 10,4 %, là où la moyenne européenne se situe à 9,8 %. L’Autriche investit davantage que ses voisins dans les traitements à l'hôpital et dispose d’un nombre de médecins et de lits d’hôpitaux particulièrement élevé. L’Autriche est ainsi le deuxième pays d’Europe, après l’Allemagne, en termes de nombre de lits en soins intensifs pour 100 000 habitants (28,9 en Autriche, contre 33,3 en Allemagne et 16,3 en France). Le 3 avril, le ministre autrichien de la Santé annonçait qu’avec près de 1 000 lits en soins intensifs et 3 000 respirateurs disponibles, les capacités des hôpitaux autrichiens ne risquaient pas d’être saturées. Comme en Allemagne, la résilience du système de soins permet aujourd’hui à l’Autriche d’accueillir des patients français et italiens.
Le 6 avril 2020, alors que le ministre de la Santé annonce que la courbe des contaminations s’est aplanie au cours des 14 derniers jours, le Chancelier Sebastian Kurz présente pour la première fois en Europe un plan détaillé de sortie du confinement. À partir du 14 avril, les commerces de petite taille ainsi que les magasins de bricolage et de jardinage sont autorisés à ouvrir. À partir du 1er mai, les autres magasins, les centres commerciaux et les coiffeurs peuvent également reprendre leur activité, alors que les hôtels et les restaurants devraient ouvrir de nouveau à partir de la mi-mai. Les possibilités de sortie restent limitées et le télétravail reste la règle jusqu’à la fin du mois d’avril. Le gouvernement se réserve par ailleurs la possibilité d’évaluer l’impact de ces mesures au cours du mois d’avril et de rétablir des mesures de confinement plus strictes en cas de reprise de l’épidémie.
Cette reprise progressive de l’activité s’accompagne de mesures définissant ce que le Chancelier autrichien nomme la "nouvelle normalité". Depuis le 30 mars, le port du masque est rendu obligatoire dans les supermarchés autrichiens et, à partir du mardi 14 avril, cette obligation s’étend aux transports publics et à tous les magasins.
Comme les autres pays d’Europe, l’Autriche fait face à une pénurie de masques, obligeant de nombreuses industries à réorienter leurs chaînes de production pour permettre l’émergence d’une production nationale. Le 4 avril, la ministre conservatrice de l’économie annonçait ainsi le lancement d’une production de masques "Made in Austria" par un consortium appelé à produire 100 000 masques par jour et appelait toutes les personnes capables de coudre à participer au lancement de cette nouvelle industrie.
Aux côtés du port obligatoire du masque, l'Autriche mise sur le recours au dépistage massif pour accompagner ses mesures de déconfinement. Si la capacité de l’Autriche à tester massivement sa population est facilitée par la présence de tests rapides - produits notamment par l’entreprise de biotechnologies Procom Cure basée à Salzbourg et fournissant aux laboratoires du monde entier plus de 100 000 tests journaliers - la volonté du gouvernement de tester la population "dans son intégralité" se heurte encore aux capacités limitées des laboratoires autrichiens.
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