Le pic des hospitalisations a été atteint début avril. Le 7 avril, 5 759 lits étaient occupés par des patients du coronavirus ; le 8 avril, 1 008 personnes se trouvaient sous respirateurs ; et le 9 avril, 1 285 personnes étaient en soins intensifs, le plus grand nombre pour l’instant. La Belgique comptait, le 22 mars, 621 lits de soins intensifs libres, sur les 943 recensés et étiquetés "Covid" (L’Echo, 2020). À la mi-mars, la Belgique comptait 2 169 respirateurs dans le pays, ce qui a aussi permis de répondre à la demande croissante. La capacité de lits en soins intensifs a été étendue à 1 800 lits afin de gérer la situation mi-avril.
Cependant, la Belgique a fait face à une pénurie de matériel de protection, notamment de masques, de gants et les blouses. Trois millions de masques FFP2 ont été commandés à un producteur chinois à la fin mars. Ceux-ci se sont révélés non conformes et donc inutilisables. Une livraison de cinq millions de masques a été annulée, car le fournisseur était "malhonnête". Face à la pénurie de masques, les autorités belges ont décidé de mettre à contribution les détenus du pays, qui auraient, jusqu’à présent, fabriqué 32 500 masques.
Un plan de déconfinement en trois phases avec des conditions strictes de dépistage et de traçage
La stratégie de déconfinement belge est composée de plusieurs phases, dont la mise en œuvre dépend des chiffres d’infections et de la situation dans les hôpitaux. Ainsi, le pays a choisi de suivre deux stratégies : d’un côté, une augmentation importante du dépistage ("testing") et de l’autre, le traçage ("tracing") des personnes infectées.
La Belgique a effectué très peu de tests au début de la crise sanitaire, avec seulement 3 930 tests réalisés la première semaine. Cela était aussi dû au fait qu’il n’y avait pas de gouvernement en place avant le 17 mars pour gérer la crise. Cependant, le pays a fait d’important efforts pour augmenter sa capacité de dépistage. Fin mars, la Belgique faisait 3 000 tests par jour, pour passer à plus de 10 000 mi-avril et plus de 25 000 le 9 mai, rapprochant le pays de la capacité de dépistage de l’Allemagne. Ainsi, la Belgique se trouve aujourd’hui dans le top 3 des pays européens au niveau du dépistage. Le passage à 25 000 tests PCR quotidiens, la distribution de masques et une méthode de traçage sont les conditions imposées par le gouvernement pour mettre en place les mesures de déconfinement, d’après un rapport du groupe d’experts pour la stratégie de sortie (GEES).
Le traçage est pourtant particulièrement complexe à cause du système fédéral belge, qui compte huit ministres de la Santé et une répartition des compétences de traçage entre le niveau fédéral et régional. Pour l’instant, le traçage se fait principalement par des centres d’appels, que les régions sont chargées de mettre en œuvre. La méthode utilisée, aussi appelée théorie des "bulles sociales", doit servir à rétablir un minimum de vie sociale tout en limitant les risques de propagation du virus. Ainsi, chaque foyer peut désigner 4 personnes extérieures avec lesquelles ses membres pourront entrer en contact. Cette mesure doit permettre de retracer la chaîne de contamination, même si la bonne application de cette mesure est quasiment invérifiable.
Comme dans beaucoup d’autres pays européens, la Belgique a également discuté la mise en place potentielle d’une application numérique de traçage. Deux avants-projets d’arrêtés royaux ont été soumis par le ministre de l’Agenda numérique, Philippe de Backer, qui viserait à encadrer, au niveau fédéral, l'utilisation d’applications de dépistage, et la création d’une banque de données de santé des citoyens chez Sciensano, l’institut national de santé publique. Cependant, des réserves ont été émises par l’Autorité de protection des données (APD) en ce qui concerne le cadre juridique de cette proposition ainsi que la protection des données.
Les tensions et conflits entre les Flamands et les Wallons ont été particulièrement forts lors des discussions concernant le plan de déconfinement. La Flandre, région la plus riche de la Belgique, était en faveur d’une ouverture rapide des écoles et des activités afin de réduire l’impact économique et scolaire. Les différences entre les Wallons et les Flamands sont telles que même les décisions les plus locales peuvent devenir une source de conflits. Ainsi, la décision de la ville de Bruxelles de créer des nouvelles pistes cyclables à Bruxelles afin de désengorger les transports publics, a été interprétée comme "anti-flamande" par le leader du NV-A, Theo Francken. En effet, les Flamands des alentours, qui travaillent à Bruxelles et prennent leur voiture, se verraient ainsi discriminés...
Ajouter un commentaire