Pour tenter de clarifier la situation géopolitique actuelle et la nature des risques auxquels nous nous trouvons collectivement confrontés, il est indispensable de comprendre les objectifs des différents protagonistes. Que veulent les Etats-Unis et la Chine, sans oublier l'Iran ?
Face à la Chine, l'Amérique entend réaffirmer son statut incontestable de "numéro un". Le monde n'est sans doute plus unipolaire, comme il a pu l'être pendant une décennie, de l'effondrement de l'URSS en 1991 à celui des tours de Manhattan en 2001. Qu'importe, l'Amérique ne saurait tolérer de véritable rival. Elle n'accepte pas l'idée communément répandue selon laquelle le XXe siècle était le siècle de l'Amérique et le XXIe siècle celui de la Chine.
Sur le plan militaire, la Chine est très loin d'égaler les Etats-Unis. Sur le plan économique, la croissance américaine rebondit spectaculairement au moment où celle de la Chine se tasse, de manière significative. Mais, sur le plan technologique, la Chine commence à faire jeu égal avec les Etats-Unis. Pis, elle marque des points spectaculaires dans certains domaines stratégiques. Est-ce acceptable ? Peut-on laisser une puissance, toujours plus autoritaire, être en capacité d'utiliser à son profit des informations qu'elle serait seule à posséder ?
Huawei en Chine, le nucléaire en Iran, le parallèle est facile, trop tentant peut-être. Peut-on laisser "l'arme absolue" aux mains d'un régime mû par une idéologie absolue ? Les intentions américaines sont de fait plus claires qu'il n'y paraît et pourraient se résumer ainsi : en Asie, freiner la Chine et au Moyen-Orient, renverser le régime des mollahs, avec le double risque de stimuler l'énergie et l'autosuffisance des Chinois et de conforter le clan des durs en Iran.
Un régime structurellement contradictoire
Les intentions chinoises sont à l'exact opposé de celles des Etats-Unis. Assurer la suprématie, sinon le contrôle total de la Chine sur l'Asie dans un premier temps, redevenir la première puissance mondiale à terme et affirmer ainsi la supériorité du modèle de pouvoir autoritaire et centralisé à la chinoise et, au-delà, la prééminence de la civilisation chinoise sur le modèle démocratique et plus globalement la civilisation occidentale.
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