Pour réussir, Boris Johnson devra s’entourer non seulement de personnes de confiance, mais aussi d’experts en matière du Brexit, du commerce extérieur et de politique étrangère, qui seront capables de travailler étroitement avec les hauts fonctionnaires du gouvernement.
Son troisième challenge sera celui de mener à terme le Brexit. Lors de sa campagne, Boris Johnson a promis de retirer le Royaume-Uni de l’Union européenne coûte que coûte le 31 octobre 2019 (date de la dernière échéance). Il espère pouvoir renégocier avec l’Union européenne. Même si l’UE accepte – ce qu’elle refuse pour l’instant – Boris Johnson hérite du même problème que Theresa May : comment améliorer l’accord avec l’Union européenne de façon à s’assurer le soutien au Parlement britannique (et vice-versa) ? Après tout, l’accord sur la table est le résultat de longues négociations et l’objet de compromis entre les deux parties. Même s’ils acceptent de renégocier, les changements ne seront sans doute pas fondamentaux.
Ensuite, il lui faudra convaincre le Parlement. Là aussi, il lui reste peu de temps. La "summer recess" (pause estivale) débute le 25 juillet et, à peine rentrés de vacances le 3 septembre, les parlementaires britanniques repartent en "recess" du 7 septembre pour les "party conferences". Cette "recess" dure typiquement trois semaines. Durant cette période, aucune session parlementaire n’aura lieu. Chose difficile lorsque l’on essaye de faire passer un accord de retrait.
L’Union européenne se prépare au pire et continue avec ses dispositions pour un no deal. Le gouvernement britannique devra faire de même. Même si Mark Sedwill, le Cabinet Secretary – le plus haut fonctionnaire du gouvernement britannique – assure que le gouvernement "est aussi prêt qu’il ne puisse l'être pour un no deal", les entreprises – surtout les petites et moyennes – ne le sont pas. Et la date du 31 octobre approche à grand pas. Un report technique de quelques semaines pour préparer pour un no deal reste une possibilité.
Mais beaucoup doutent de la volonté du nouveau Premier ministre de sortir le Royaume-Uni sans accord : les délais à la frontière, les changements soudains en matière de commerce et les divisions au sein du Parlement (Philip Hammond et Dominic Grieve ont déjà dit qu’ils feraient tout pour s’opposer à un no deal) risquent de créer bien des divisions bien plus profondes au sein du pays – sans compter un "rift" avec les partenaires européens. Boris Johnson n’aura peut-être d’autre choix que de faire appel à des élections anticipées ou un second référendum (et par défaut, une nouvelle prolongation de la période de négociations avec l’Union européenne).
Mais son plus grand défi sera celui de présenter une nouvelle vision pour l’avenir du pays qui aille au-delà du Brexit. Pour ce faire, il lui faudra plus qu’une victoire électorale.
Copyright : LEON NEAL / AFP
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