Il en ressort un sentiment de flottement, aggravé par le manque de visibilité et de dynamisme du nouveau gouvernement, que l’on retrouve pourtant habituellement après l’élection d’un nouveau chef d’État.
Mais ce flottement s’explique aussi par le fait que pour beaucoup les élections législatives sont des élections complexes. Et de fait, les résultats du premier tour n'anticipent en rien la composition de la future Assemblée. À bien des égards d’ailleurs, nous assisterons à deux campagnes électorales du premier tour au second. Du premier émerge l’état des forces politiques sur le territoire. Arrive ensuite la qualification au second tour, pourvu qu’un candidat ait obtenu un score supérieur ou égal à 25 % des suffrages exprimés (dans un contexte d’abstention fort aux alentours de 50 %). Au lendemain du premier tour nous serons donc face à un certain nombre de duels, peu de triangulaires a priori, qui seront rythmés par d’éventuelles alliances et tractations entre les partis. C’est seulement après ce deuxième temps que l’on arrivera à avoir des projections fiables pour la représentation des partis à l’Assemblée.
Selon un récent sondage, seuls 47 % des Français envisagent de se rendre aux urnes. Que peut-on dire de l’engagement des électeurs dans cette campagne, et comment cela se traduit-il dans les sondages à quelques jours du premier tour ?
Les Français ne sont pas forcément au fait des rouages des élections législatives. Aujourd’hui, seulement 31 % d’entre eux connaissent le nom de leur député. Pour beaucoup, les missions de l’Assemblée ne sont pas claires, à peine 38 % arrivent à nous citer des mesures débattues ces cinq dernières années. Toute une série d'indicateurs nous pousse donc à penser qu’il y a peu de mobilisation pour l’élection à venir, d’autant que la campagne a eu du mal à accrocher auprès de la population. En termes sociologiques, parmi ceux qui s’intéressent aux législatives, on retrouve traditionnellement les personnes âgées, les cadres et les personnes très diplômées.
Outre la NUPES, les politiques ont très peu fait campagne pour ce scrutin, et la mise en campagne tardive du gouvernement Borne a pu donner un mauvais signal à l’électorat. On peut d’ailleurs s’interroger dans quelle mesure cette stratégie du silence est un choix délibéré d’une part de la classe politique ayant intérêt à ne pas mettre leur bilan et leur projet sur le devant de la scène. En outre, il n’est pas certain que l’appel émis par Jean-Luc Mélenchon juste après le second tour à "l’élire Premier ministre" ait joué en sa faveur. Si dans un premier temps sa stratégie était de s’affirmer comme premier opposant au président réélu, notre dernier baromètre politique pour le Figaro Magazine montre qu’il a perdu 4 points dans l’opinion, et encore plus auprès des sympathisants de gauche depuis la fin avril.
Reste la question autour du mode de scrutin. Le scrutin majoritaire uninominal à deux tours a longtemps été décrié par une partie de la classe politique française pour son manque de représentativité. Emmanuel Macron lui-même avait fait campagne en 2017 sur l’introduction d’une dose de proportionnelle à l’Assemblée. Pour la grande majorité des Français, ces questions restent toutefois trop techniques, assumant eux-mêmes ne pas maîtriser les tenants de tels paramètres. En revanche, ce qu’ils réclament c’est que leurs voix soient davantage prises en compte dans les délibérations politiques.
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