La baisse d’activité était assez bien anticipée
La contraction du PIB au plus fort du confinement (le deuxième trimestre), a été assez conforme voire inférieure aux prévisions, en France comme dans les autres économies de l’UE. Dans le scénario optimiste (reprise en V) que nous avions présenté en avril, la contraction annuelle du PIB français était de l’ordre de 11,5 % en 2020. Avec les chiffres de l’Insee en main, nous révisons cette prévision à -10 %, tandis que le scénario médian, qui comporte un affaissement en fin d’année 2020, remonte plus nettement, de -14 % à -11 %. Mais si une contraction du PIB - donc du revenu distribuable aux français sans grever le futur, cela mérite d’être rappelé - de l’ordre de 10 % cette année semble acquise, la question essentielle sera l’ordre de grandeur du rebond en 2021.
Les comparaisons de croissance entre pays européens sont sujettes à caution
Signalons à ce propos que les comparaisons entre pays européens sont sujettes à caution. Une part significative des écarts de croissance provient du traitement statistique de la production des administrations, qui, pour l’essentiel, ne relève pas de l’économie de marché. La convention statistique est, en simplifiant un peu, de mesurer leur valeur ajoutée par la rémunération des personnels complétée par une contribution du capital "productif" (essentiellement les bâtiments). Or, durant le confinement, cette convention n’avait pas grand sens, puisqu’une large part des employés des administrations était au chômage technique, tout en étant normalement rémunérés. Les instituts statistiques de certains pays, dont la France et le Royaume-Uni, ont opté pour le réalisme, l’Insee considérant par exemple que, hors services de santé, 25 % des employés des administrations étaient au chômage technique. D’autres, dont l’Allemagne ou l’Espagne, ont conservé la méthode traditionnelle. Selon certains calculs (voir @fipaddict), cette différence de méthode pourrait expliquer au moins 3 points de différentiel de croissance au cours des six premiers mois de l’année entre l’Allemagne d’un côté, la France et le Royaume-Uni de l’autre. Il faudra attendre au moins un an, si ce n’est plus (publication des comptes nationaux annuels semi-définitifs), pour en avoir le cœur net. D’ici-là, mieux vaut ne pas se livrer à de longs développements sur les différentiels de croissance au cours de la crise.
C’est l’investissement public qui a le plus plongé !
Revenant à la France, les surprises viennent plutôt de l’investissement. Comme prévu, celui des entreprises s’est fortement contracté, (-16 % au T2 après -9 % au T1), mais celui des administrations publiques comme des ménages a encore plus baissé (-20,4 % au T2 après -11 % au T1 pour le premier).
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