Ces résultats sont atteignables : les enfants ont bénéficié d’une intense stimulation cognitive et langagière (imagiers, jeux cognitifs, conversations quotidiennes etc.) durant la petite enfance.
L’expérimentation d’un tel dispositif, à petite échelle, pourrait être envisagé au sein des REP +, sur la base du volontariat et dans le cadre du projet des écoles du futur que souhaite déployer le président de la République.
Conduire un Perry preschool à la française :
- serait moins coûteux que le dispositif déployé aux États-unis dans les années 60 car il ne nécessite pas de repenser outre mesure l’organisation spatiale des établissements et des salles de classe ;
- suppose le recrutement de contractuels - donc non employés sous statut de la fonction publique - qui pourraient être issus de ces quartiers ;
- suppose une formation appropriée de ces personnels (jeux langagiers, jeux cognitifs, imagiers, interactions orales etc.) qui pourraient agir sous la supervision de l’enseignant.
Grâce à un encadrement resserré (1 professionnel pour 4 élèves) l’intensité du travail, réalisé sur de petites séquences (entre 1 heure et 2 heures), participerait durablement à la réduction des inégalités langagières dès le plus jeune âge.
L’investissement dans la petite enfance est sans doute l’investissement public le plus rentable qu’un pays puisse faire
Le retour sur investissement lié à une intervention éducative précoce de qualité est très important. Dans tous les programmes d’intervention éducative précoce, les bénéfices pour l’État ont été plus importants que les coûts associés : entre 4 et 9 dollars pour chaque dollar investi (taxes, impôts, baisse de la délinquance, etc.). Ainsi, une étude américaine a pu établir que si l’ensemble des enfants américains avaient bénéficié en 2005 du programme Perry Preschool, l’État américain aurait encaissé 167 milliards de dollars de retour sur investissement en 2050. (Schweinhart, Lawerence J. "Benefits, Costs, and Explanation of the High/Scope Perry Preschool Program." High/Scope Educational Research Foundation, paru en 2003).
Par ailleurs, les travaux de James Heckman, prix Nobel d’économie, démontrent que le taux de rendement de l’investissement dans l’éducation est décroissant : un dollar investi entre la naissance et l’âge de cinq ans rapporterait 4 à 7 dollars, tandis qu’un dollar investi entre 6 et 12 ans rapporterait de 1 à 4 dollars. À l’âge adulte, l’apprentissage (formation professionnelle, ou alphabétisation) rapporterait moins d’un dollar par dollar investi. (J. Heckman and V. Masterov, The productivity argument for investing in young children, paru en 2007).
Ainsi, selon une célèbre formule du Professeur Heckman, "il faut au nom de la prospérité future, favoriser de plus en plus les interventions précoces et préventives". Faute de comprendre qu’il vaut mieux prévenir que guérir, les politiques publiques en matière d’éducation multiplieront les palliatifs tardifs, coûteux et inefficaces. Tant que nous n’aurons pas pris conscience collectivement que la lutte contre l’échec et les inégalités scolaires doit commencer dès les premières années de l’école maternelle, notre système demeurera inéquitable.
Copyright : Damien MEYER / AFP
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