Sources: ACFIC’s Chinese Private Enterprise Survey ; Macropolo
Le graphique ci-dessus, qui se fonde sur un sondage officiel mené auprès des entreprises privées (Private Enterprise Survey), montre l’augmentation progressive de la pénétration du secteur privé par le parti, avec une nette accélération après 2012. Bien que l’on soit encore loin d’une "couverture exhaustive" - seuls 48,3 % des entreprises interrogées abritent une section du parti - ce taux est surtout inhérent à la petite taille des entreprises qui n’atteignent pas le nombre requis d’employés membres du parti nécessaire pour accueillir une section du PCC, soit trois employés minimum. La pénétration des grands groupes privés est, elle, en revanche presque totale : en effet, 92 % des 500 plus grandes entreprises du pays hébergent une cellule du parti. Ce taux devrait bientôt grimper à 100 % car il est depuis 2018 obligatoire pour les groupes cotés en Chine d’ouvrir une section du parti.
Un système moderne d’entreprises aux caractéristiques chinoises
Si les nouvelles données disponibles sur la prolifération des cellules du parti au sein des entreprises privées, et en particulier au sein des entreprises étrangères, attirent l’attention des médias, cela n’est en réalité qu’une partie de l’histoire. Les cellules du Parti, qui, dans un système léniniste, ne rapportent qu’aux organes des échelons supérieurs et sont rarement considérées comme responsables par les tribunaux ou les régulateurs, ont pour l’instant joué un rôle essentiellement secondaire dans les entreprises privées. Ce rôle revenait à recruter certains membres du Parti, organiser pour eux des séances de travail, offrir une aide sociale aux travailleurs, en mettant l’accent plus largement sur des opérations favorables aux affaires, comme des programmes de formation ou des événements relevant de la vie sociale pour les employés de l’entreprise. Les nouvelles lignes directrices publiées en septembre 2020 montrent combien ce rôle est en train d’évoluer.
Ces lignes directrices renforcent la stratégie de cooptation à l’égard des entrepreneurs privés. Elles intensifient le recrutement d’hommes et de femmes d’affaires au sein du Parti afin de "construire une équipe de personnes appartenant au monde des affaires et déterminées à marcher avec le Parti" et sur lesquelles ce dernier peut compter "en temps de crise". Pour ce faire, les sections du PCC présentes dans les entreprises doivent, aux côtés de l’administration locale, compiler les profils au sein de "banque de talents et bases de données de représentants" afin qu’ils soient recrutés par le PCC et ses différents organes, par exemple en tant que dirigeants des organes locaux de la Fédération nationale de l’industrie et du commerce. Au-delà du recrutement, les entrepreneurs doivent être formés et surveillés afin de s’assurer qu’ils restent en ligne avec les positions du Parti, mais aussi afin qu’ils "régulent leurs paroles et leurs actes", "cultivent un mode de vie sain", ou qu’ils travaillent "en gardant les pieds sur terre et soient modestes et discrets". Il ne s’agit donc pas seulement de garantir la loyauté politique des hommes et femmes d’affaires, mais bien de façonner leur manière de travailler et leur image publique.
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