"Il faut que tout change, pour que tout reste le même." La célèbre formule du Prince Salina, dans Le Guépard peut-elle s'appliquer à la relation entre Washington et Téhéran et plus globalement à la question du nucléaire iranien ? En ce début 2021, les fondamentaux restent les mêmes. Obsédé par la chute d'un Saddam Hussein, qui en Irak ne disposait pas d'arme de dissuasion massive, le régime iranien semble prêt à continuer de s'appauvrir et de s'isoler au nom de la possession de l'arme nucléaire.
Suicide iranien ?
Le jeu en vaut-il la chandelle ? Les Occidentaux espèrent toujours faire entendre raison aux Iraniens : "Pourquoi disposer d'une arme, qui si elle était utilisée par vous contre Israël - comme vous le mettez en avant régulièrement - signifierait l'annihilation totale de votre pays ? Les Israéliens sont aussi déterminés à ne pas vous laisser acquérir "l'arme absolue", que vous l'êtes à l'obtenir." Et Jérusalem dispose dans le golfe Persique, de sous-marins d'origine allemande dotés de têtes nucléaires, qui en termes stratégiques constituent l'équivalent d'une force de seconde frappe.
Les Israéliens se refusent à vivre à l'ombre d'un Iran nucléaire. Moins d'un siècle après la Shoah, Israël n'entend pas avoir à faire face à nouveau à une menace existentielle. Le rapprochement entre une partie croissante du monde arabe et Israël n'est-il pas basé sur le refus commun d'un Iran nucléaire et, de plus, expansionniste ? À l'inverse, la stratégie des mollahs est fondée sur une forme d'irrationalité calculée : "Ne me provoquez pas, je suis prêt à me suicider et à entraîner dans ma chute, des dommages collatéraux considérables, pour l'ensemble de la région."
Changement de paradigme
Mais si les fondamentaux demeurent les mêmes, de multiples "variations", au sens musical du terme, sont intervenues récemment. L'équilibre des forces et des volontés politiques s'est sensiblement modifié tant sur le plan local, régional que mondial. Confronté au scénario d'une reprise probable des négociations entre les États-Unis et l'Iran, l'acteur qui y est fondamentalement le plus hostile, Israël, fait preuve, jusqu'à présent, d'une remarquable modération.
Est-ce parce que, psychologiquement, l'État hébreu ne s'est jamais senti aussi fort, mélange des accords d'Abraham avec des pays arabes et du bilan de la politique de vaccination du pays ? Est-ce parce que le calendrier électoral - les Israéliens retourneront aux urnes le 23 mars - l'emporte sur toute autre considération ?
Israël se fait discret
De fait le contraste psychologique entre Israël et l'Iran est significatif. Au moment où Israël passe avec la mention très bien le test des vaccinations, l'Iran, le pays le plus affecté de la région par l'épidémie, continue de compter ses morts et de faire face à ses faiblesses structurelles en matière de lutte contre la pandémie. Israël peut d'autant plus adopter un profil bas qu'il ne croit guère à la possibilité d'une reprise rapide de négociations qui déboucherait sur un accord. Pourquoi s'opposer avec véhémence à l'administration Biden, si Téhéran exige des concessions immédiates et inacceptables du type "arrêtez-moi, ou je fais un malheur" ? Si les plus radicaux des mollahs iraniens "font le job", autant faire preuve de discrétion à Jérusalem.
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