L'Ukraine, membre de l'OTAN, deviendrait un élément important des futurs arrangements, mais quelle place serait ménagée à la Russie, quelles garanties de sécurité pourrait-elle obtenir, ce dont les pays d'Europe centrale et orientale ne veulent pas entendre parler. Difficile de ne pas voir de la naïveté dans ce plan, conclut le politologue. Dmitri Souslov se veut optimiste sur le long terme, "la confrontation de plus en plus dure entre les États-Unis, la Russie et la Chine dans les décennies à venir contraindra Washington à pratiquer une politique étrangère réaliste, prenant en compte l'équilibre des forces et les menaces", de "nouveaux Kissinger surgiront", assure ce spécialiste des États-Unis.
Henry Kissinger se présente comme une "colombe" dans un environnement de "faucons", qui misent sur la défaite de la Russie, "c'est en partie vrai mais, comme toujours, le diable est dans les détails", tempère Piotr Akopov. En réalité, la Russie devrait accepter non seulement la perte de territoires historiques, mais également la transformation de l'Ukraine en "anti-Russie", ce que "l'opération militaire spéciale" a précisément pour objectif d'empêcher. On propose à la Russie de conserver ce qu'elle contrôle aujourd'hui à condition qu'elle renonce au reste de l'Ukraine, "il est clair que cela n'arrivera jamais", assure le commentateur de Ria novosti. Elena Panina distingue dans la politique russe des États-Unis deux positions, l'une "radicale", celle de Joe Biden, et l'autre "modérée", incarnée par Henry Kissinger, mais aucune de ces options ne sera jamais acceptée à Moscou, affirme la directrice du think-tank ROSSTRAT. "En l'absence de changement radical en Ukraine, il n'y aura sans doute pas de dialogue constructif avec l'Occident", conclut Elena Panina, ce qui fait que "la perspective d'un nouveau Yalta reste lointaine". D'autant que, souligne Timofei Bordachev, "la détermination dont fait preuve la Russie", ces dernières années, a non seulement des causes internes, mais est aussi liée à l'évolution des rapports de force dans le monde, et notamment à l'affirmation de la Chine. La politique étrangère de la Russie, explique le chercheur du club Valdaï, repose sur la conviction que "la rupture, même totale, avec l'Occident, ne sera pas mortelle pour les décisions fondamentales qu'elle doit prendre pour son développement".
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