Bien que la masse de migrants ait diminué au cours de la dernière décennie (en grande partie en raison de l'évolution de la pyramide démographique), la tendance est récemment repartie à la hausse. Ce phénomène est alimenté par les difficultés économiques que connaît le Mexique et par les opportunités offertes par l'économie américaine.
La guerre peut-elle affecter les relations entre les États-Unis et le Mexique ?
Malgré une frontière commune et plus de deux décennies de partenariat, la relation entre les États-Unis et le Mexique est sans doute l'une des plus complexes au monde. Les deux pays sont divisés par l'héritage de l'histoire et des cultures très différentes. Les niveaux de développement de chaque côté de la frontière méritent également d'être mentionnés. Une forte asymétrie de puissance persistera toujours entre les deux pays. Néanmoins, l'influence du Mexique sur les États-Unis ne doit pas être négligée. L’hypothèse d’un manque de coopération du gouvernement mexicain sur des questions politiquement pertinentes pour les États-Unis ne peut être minimisé. Les deux nations comprennent donc qu'elles sont étroitement liées et s'efforcent de contrôler leur niveau de conflictualité.
Il y a près de 40 ans, les deux nations ont convenu de gérer leurs relations bilatérales sur la base de deux principes. Le premier est le cloisonnement des affaires : ne jamais mélanger les affaires qui empoisonnent la relation (comme la migration, la drogue, les exportations, les importations, les investissements, etc.) afin de ne pas politiser les problèmes et de pouvoir les traiter efficacement. Le second, est qu'aucun des deux gouvernements ne “piège” l’autre publiquement, et, comme les diplomates le disent aujourd’hui, de ne pas montrer au grand jour leurs différences afin que leurs problèmes communs puissent être gérés et anticipés. Ces deux principes ont posé les bases d'une relation pacifique et économique qui ne cesse de se développer et qui satisfait les intérêts des deux nations. Même si l'inaction politique sur différents fronts empêche le Mexique d'atteindre le niveau de développement des États-Unis, les deux pays n'ont jamais manqué de s'attaquer aux problèmes résultant de la complexité de leur voisinage. Encore récemment, le Président López Obrador a pris de court le Président Biden en annonçant publiquement le conditionnement de sa participation au Sommet des Amériques à la présence de Cuba et du Vénézuela. En outre, AMLO est le premier président, depuis la conclusion de cet accord dans les années 1980, à ne partager ni la vision d'un rapprochement, ni la nécessité d'aborder les problèmes communs en tandem.
La question cruciale pour le Mexique et, inexorablement pour la relation bilatérale, est de savoir si la vision actuelle d'AMLO marque le début d'une nouvelle ère, ou fait plutôt figure d’exception à la proximité toujours grandissante entre les deux pays, qui a caractérisé les dernières décennies. Cette question sera d'une importance capitale lors de l'élection présidentielle mexicaine de 2024. L'élection présidentielle américaine de 2024 s'avérera également cruciale, car le retour d'une administration Trump pourrait changer de manière décisive le cours de cette relation bilatérale.
Copyright : PEDRO PARDO / AFP
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