Le Maroc a longtemps cherché à diversifier ses sources d’importations de blé, ceci afin de préserver au mieux sa souveraineté alimentaire. Sur la liste des pays fournisseurs du Maroc, on trouve la France, le Canada, les États-Unis, le Brésil, parmi d’autres. De même, la Russie n'occupe pas une place prépondérante parmi les fournisseurs du Royaume en produits énergétiques. Sur un plan plus global, les stratégies nationales de diversification de partenaires commerciaux, de transition énergétique et de modernisation de l’agriculture (Maroc vert), semblent donner au pays des marges d’action particulièrement utiles en ces temps de crise.
Quel pourrait être le rôle du Maroc dans la résolution du conflit ukrainien ?
Le Maroc suit la situation en Ukraine avec inquiétude. Le Royaume a décidé très tôt d’apporter une contribution financière aux efforts humanitaires des Nations Unies et des pays voisins, afin de soutenir les civils ukrainiens victimes de la guerre. Le 22 mars 2022 le ministre des Affaires étrangères marocain s’est entretenu au téléphone avec ses homologues russe, Sergueï Lavrov et ukrainien, Dmytro Kuleba. Ces échanges ont été l’occasion pour le ministre marocain d’aborder aussi bien la guerre en Ukraine que les actions à entreprendre pour renforcer les relations bilatérales. Le 27 avril 2022, le Maroc, a participé aux côtés des 40 alliés des États-Unis, à la fois membres de l'OTAN et autres invités, comme l'Australie, la Suède, la Finlande, le Kenya, la Tunisie et la Jordanie, à la réunion réservée à l'Ukraine, réunion qui s'est tenue sur la base américaine de Ramstein, en Allemagne. Cet activisme de la diplomatie marocaine prouve que le pays ne reste pas indifférent à l’égard de la guerre en Ukraine.
Le Maroc jouit d’une image d’acteur fiable et responsable, ce qui lui a permis de jouer un rôle de médiateur dans plusieurs crises internationales. Il en a été ainsi dans les négociations entre les pays Arabes et Israël. Il en va de même aujourd’hui dans la crise en Libye.
Toutefois, par son amplitude et la cristallisation des positions des acteurs en présence, les efforts d’un seul pays, qu’importe sa bonne volonté ou sa puissance, ne sauraient faire taire les armes. C’est pourquoi il serait plus stratégique de réfléchir à une coordination Afro-européenne pour tenter de conduire une médiation constructive, et qui aurait pour objectif de trouver les conditions d’une paix durable et des garanties de sécurité pour tous les protagonistes.
La voix d'une Europe consciente de ses forces et de ses responsabilités, équitablement partenaire d’une Afrique dynamique, et intelligemment fédératrice d'un espace méditerranéen, berceau de la civilisation, pourrait avoir un écho positif aussi bien chez les Russes que chez les Ukrainiens. L'enjeu est grand : d’une part, éviter au monde les dégâts d'une nouvelle guerre globale, et, d’autre part, concentrer les ressources et les énergies pour faire face aux défis mondiaux tels que le réchauffement climatique et les crises pandémiques. Sur ce point, le Maroc et la France, véritables traits d’union entre les deux continents, ont une vocation naturelle à jouer un rôle déterminant dans l'émergence d’une telle coalition.
Copyright : FADEL SENNA / AFP
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