- Stratégie économique et industrielle : de même, la concertation et la planification, avec les acteurs économiques de toutes sortes, n’a pas été faite. En conséquence, la montée en charge, la mise en œuvre de nouveaux modèles d’affaires et, d’une façon plus générale, l’opportunité économique que représente la 5G, pourraient être plus complexes à saisir qu’ailleurs. Faut-il rappeler que les cabinets d’analyse démontrent le fait que la croissance des objets connectés est incomparablement plus rapide que celle des smartphones, changeant largement les modèles d’affaires, ainsi que les processus d’enregistrement et d’administration ?
Concernant les zones blanches, ces territoires ruraux où l’accès au réseau est limité, voire inexistant, l’accord de mutualisation des infrastructures signé par les quatre opérateurs nationaux, doublé d'un investissement de 3 milliards d'euros, sont incontestablement à porter au crédit du gouvernement, sans omettre toutefois l'action du régulateur, qui a mis ce thème au cœur de son action.
Ainsi, même si, dans les faits, la France ne figure qu’à la vingtième position en matière d’accès dans le classement des pays membres de l’Union européenne, l’effort, ainsi que la cohérence d’ensemble de la politique d’accès, restent à saluer. Les critiques - chroniques - des élus territoriaux restent toutefois valables : des guichets complexes à utiliser, une bureaucratie importante, une distribution des compétences au niveau des différents échelons territoriaux difficilement lisible. Ces facteurs ne sont certainement pas étrangers au classement de la France sur ce sujet.
Des mesures timides face à l’exclusion numérique
Engagement de campagne : porter une stratégie d’inclusion à destination de ceux qui rencontrent des difficultés à utiliser le numérique en développant avec les associations et les collectivités, un réseau d’accompagnement sur le territoire qui proposera du temps de soutien et des formations aux outils et aux services numériques.
À l’égard de l’exclusion numérique, le candidat insistait dans son programme sur la nécessité de renforcer l’action de l’État de sorte à réduire la fracture numérique. Arrivé au pouvoir, un dispositif de chèque formation, le "Pass Numérique", a été mis en place. À hauteur de 40,5M€ (10,5M€ + 30M€), le dispositif a le potentiel de former près de 200 000 utilisateurs : un début à saluer, mais qui reste loin des 13 millions de Français estimés en difficulté face à la numérisation. Opéré par les collectivités locales, il est difficile à ce stade de connaître le succès de celui-ci. On ne pourra toutefois que critiquer la forte discontinuité des politiques gouvernementales. En effet, au cours des années 2000, la Caisse des dépôts avait orchestré le programme national des Cyberbases, qui vit des millions de Français accéder à un premier niveau de formation, pour un coût unitaire salué par de nombreux observateurs. Restructuré sous des formes diverses à plusieurs reprises au cours des mandats Sarkozy et Hollande, les dynamiques initiales de ce mécanisme efficace ont pour ainsi dire disparu, imposant de reconstruire tout depuis le début.
Une gouvernance mal adaptée à la transformation de l’action publique
Engagement de campagne : dématérialiser 100 % des démarches administratives à horizon 2022 (sauf première délivrance des documents d’identité officiels) et s’appuyer sur le numérique pour redéfinir l’action publique.
L’irruption tragique du phénomène des Gilets jaunes a rappelé à tous, et en particulier au gouvernement, qu’au-delà des enjeux d’accès à Internet et de compétences numériques, la numérisation des services publics, souvent effectuée de façon littérale, c’est-à-dire avec une expérience utilisateur limitée, est l’origine de profondes frustrations et suscite de réelles inquiétudes, en particulier pour ceux qui ne vivent pas à proximité immédiate d’une grande ville.
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