Dans le conflit actuel, davantage de violations commises vraisemblablement du côté russe sont rapportées. Pour une part cela tient à la nature des affrontements : les Ukrainiens ne bombardent pas leur propre territoire, et ne semblent avoir mené qu’une seule attaque sur le territoire russe. Cependant, des violations sont commises des deux côtés. On a pu le voir à travers l’exemple du traitement des prisonniers de guerre. Ceux capturés par l’Ukraine ont par exemple été soumis à la curiosité publique et contraints de parader dans les rues. Or, la Convention III de Genève sur les prisonniers de guerre indique que ce type de traitement porte atteinte à la dignité humaine, et constitue donc une violation du droit international humanitaire (article 13).
Deux tribunaux internationaux se penchent désormais sur la guerre menée par les dirigeants russes contre l’Ukraine : la Cour internationale de justice et la Cour pénale internationale (CPI). Quel peut être le poids des arrêts rendus par ces deux instances sur l’issue du conflit ? Pourront-ils véritablement contraindre la Russie à cesser ses exactions en Ukraine, voire mener à une condamnation de la Russie ?
Au moment de l’adoption du Statut de Rome en 1998, les États se sont entendus pour attribuer à une cour universelle (la CPI) la compétence de juger leurs ressortissants ayant commis notamment des crimes de guerre. Contre toute attente et malgré les difficultés, le Statut de Rome est entré en vigueur dès 2002 et on compte désormais 123 États parties. Parmi eux, certains ont utilisé des clauses d’application limitant les contraintes imposées par le Statut, mais en tout état de cause, la Cour existe : elle rend des arrêts dont l’interprétation permet de dire quel est le droit applicable et de provoquer des débats au sein des États. Ni l’Ukraine, ni la Russie ne sont parties au Statut de Rome, mais le Procureur s’est déjà rendu sur place avec une équipe qui documente les agissements sur le territoire, tant côté ukrainien que côté russe, en vue d’un futur procès, puisque l’Ukraine a reconnu la compétence de la Cour. Une telle implication de la Cour dans un conflit en cours constitue une avancée majeure ! D’autre part, au-delà de la CPI et de la Cour internationale de justice, pléthore d'autres organes de contrôle se sont saisis de la situation, dont l’OSCE, le Conseil des droits de l'Homme des Nations unies, ou encore la Cour européenne des droits de l’Homme.
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