L'entrée en vigueur en 2023 des chèques énergies, un dispositif différencié, destiné aux 12 millions de français les plus vulnérables, devra davantage flécher les aides vers les besoins réels.
Enfin, la gestion économique de la crise se fait en partie au dépens des enjeux environnementaux. Mis à part l'encouragement à la sobriété énergétique, la crise de court-terme nous éloigne de nos engagements climatiques de moyen-terme. Couvrir avec autant d'intensité la hausse des prix de l’énergie, dans l’objectif de protéger le pouvoir d’achat, revient de fait à subventionner massivement les énergies fossiles, puisque leurs prix de consommation ne reflètent plus ceux du marché. Également, l'approvisionnement en gaz de schiste américain (une méthode d’extraction interdite en France car trop polluante), les investissements massifs de la France dans les infrastructures de transformation de GNL, et la réouverture de centrales à charbon en Europe nous font perdre de vue notre impératif de transition énergétique.
Un retour en arrière donc. À terme, augmenter l'offre énergétique disponible nécessite des investissements massifs dans les sources d’énergies décarbonées. Ceci paraît d'autant plus pressant quand on connaît les besoins croissants en électricité à horizon 2050 - une hausse de près de 70 % de notre consommation actuelle - du fait de l'électrification des usages et des procédés industriels. Pour que notre politique énergétique gagne en efficacité, il faut dépasser le faux dilemme entre le tout nucléaire ou le tout renouvelable : les deux ensemble sont largement conciliables et sont, chacun des deux, nos meilleurs alliés. L'industrie nucléaire française est une filière d’excellence qu'il faut continuer à développer. En même temps, augmenter la part des énergies renouvelables dans notre mix énergétique permettra de diversifier et de multiplier les sources de production. À ce titre, la France traîne un réel retard dans le développement et le déploiement de ces énergies : en 2020, la France était l'un des seuls pays de l'UE à ne pas avoir atteint son objectif de produire 23 % de sa consommation finale à partir d'énergies renouvelables. Pourtant, ces énergies sont de plus en plus performantes, tant en termes de rendements que de prix d'achat de l'électricité. Au final, assurer la sécurité énergétique du continent tout en remplissant nos engagements climatiques ne pourra se faire qu'en capitalisant sur l'ensemble des sources d'énergie dont la France dispose actuellement - le nucléaire - et qu'elle est tenue de développer - les renouvelables.
Copyright : JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP
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