Il y a bientôt trois ans, le 14 juillet 2017, les présidents français et américain célébraient avec émotion le centième anniversaire de l'entrée des troupes américaines dans la Première Guerre mondiale. En 2020, face à une nouvelle guerre, contre le coronavirus, Donald Trump célèbre à sa manière le centième anniversaire du rejet de l'internationalisme wilsonien par le Congrès des États-Unis. À l'heure du coronavirus, le mot d'isolationnisme doit être pris désormais au pied de la lettre. George Washington aurait-il interdit l'accès au sol américain à La Fayette et Rochambeau, alors que ces derniers venaient de traverser la mer pour combattre aux côtés des indépendantistes américains ?
Déclin de l'Occident
Dans un siècle, les historiens verront-ils la crise du coronavirus comme une étape supplémentaire du déclin de l'Occident ? Les Asiatiques, de la Chine à la Corée du Sud, en passant par Singapour, indépendamment de leurs systèmes politiques donc, ne sont-ils pas mieux armés "culturellement" pour faire face à la pandémie ? Ne sommes-nous pas, face à la montée des périls, victimes d'un aveuglement, qui traduit en fait notre individualisme forcené ? Rationnellement, il devrait être évident qu'on ne peut se sauver seul. Les virus ne connaissent pas les frontières. Émotionnellement, la tentation est grande, sinon irrésistible, de privilégier l'égoïsme sacré en se repliant totalement sur soi-même. Mais à quoi sert de fermer les frontières, si l'on continue, majoritairement, comme le montrent les sondages en France, à se serrer la main et à se faire la bise ?
Danger de la réaction excessive
"La peur est mauvaise conseillère", dit la sagesse populaire, car elle nous fait perdre le contrôle de nous-mêmes. La réalité est plus complexe. Ce qui est dangereux, ce n'est pas la peur, c'est la peur excessive. La peur légitime et raisonnée est par contre, une indispensable protection contre l'excès de confiance et la sous-estimation du danger. Elle est un facteur de survie dans un monde naturellement dangereux et qui le devient beaucoup plus en temps de pandémie. Le lapin qui n'a pas peur du chasseur ne vivra pas longtemps. Le citoyen qui ne prend pas la pleine mesure de la menace s'expose et expose les autres. Les propos tenus en France il y a quelques jours dans les médias par certains experts ont sans doute eu l'ambition très louable de rassurer le public.
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