Incidemment, la discussion virtuelle de Munich devrait relancer le débat entre experts américains sur "quel partenaire privilégier en Europe ?" - entre a/ Allemands très atlantistes mais en retrait sur la Chine, b/ Français en dehors du "mainstream" sur la Russie et la défense européenne mais présents sur les théâtre d’opération et sur les enjeux globaux, c/ Britanniques décidés à retrouver un rôle global, désireux de se rendre utiles, handicapés cependant par l’affaiblissement de leurs liens avec l’UE et dont le crédit international reste incertain.
En second lieu, il y a les déclarations et il y a les actes. Dans les jours précédant Munich, trois rencontres ont marqué un progrès considérable dans la coopération transatlantique - largement du fait d’une capacité nouvelle des Américains à écouter leurs alliés. Une rencontre le 17 des ministres des Affaires étrangères dans le format "E3 plus 1", c’est-à-dire Allemagne, France, Royaume-Uni plus États-Unis a permis une avancée sur le dossier nucléaire iranien, en offrant à Washington la possibilité d’indiquer sa disponibilité à entamer des négociations avec l’Iran sur un retour au JCPOA sans renier ses objectifs à long terme sur un "JCPOA+". Une conférence des Ministres de la défense de l’OTAN les 16 et 17 s’est traduite par des décisions précises sur l’Afghanistan et l’Irak (avec sur ce dernier point un rehaussement de la contribution des Européens à la mission de formation de l’Otan). Enfin, le "sommet du G7" a aussi été un succès.
Ajoutons un codicille à ces éléments de réflexion. Cette conférence virtuelle de Munich constitue un miroir déformant. Elle donne une prime aux "Grands Européens" alors que la dynamique européenne est plus complexe que celle des différences internes au trio. Le rôle de l’UE y est minimisé. Certains acteurs potentiellement majeurs ne figuraient pas au générique : ainsi M. Erdogan, dirigeant d’un pays important de l’OTAN et partenaire difficile de l’Europe ; ou encore M. Draghi, le nouveau président du Conseil italien, dont l’expérience internationale devrait redonner du poids à son pays au moment où celui-ci préside le G20.
Enfin, par construction, la conférence de Munich ne présente pas un caractère décisionnel : un test plus important d’un éventuel nouveau départ de la relation transatlantique pourrait être le prochain sommet de l’OTAN que Boris Johnson et d’autres chercheront à organiser au printemps, en présentiel, lors du déplacement envisagé de M. Biden pour le "vrai" sommet du G7.
Copyright : MANDEL NGAN / AFP
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