Ainsi des plateformes d’innovation et de santé numérique privées ou associatives qui n’ont qu’une reconnaissance marginale de la part du système de soin ; tout comme des codeurs et des datascientists, qui ne sont pour l’instant que peu considérés sauf lors d’évènements médiatiques visant à valoriser l’importance soi-disant accordée à l’innovation.
D’une manière générale, les pays asiatiques, plus encore que les Etats-Unis, semblent à même de reconsidérer deux enjeux à l’aune des opportunités et risques de la révolution numérique. Le premier est le modèle de gouvernance. Si les données permettent une plus grande réactivité, il est important de réduire la chaîne de commandement et tout à la fois de la centraliser, et d’introduire de l’autonomie et de la subsidiarité. La très grande complexité du dispositif français, où la gestion paritaire est très présente, et où historiquement les cliniciens ont pris une importante part, ne permet pas d’être optimiste à cet égard.
Le deuxième est l’importance accordée à la technologie. Le modèle orwellien du crédit social chinois suscite évidemment de nombreuses réserves, mais relevons que des démocraties comme Taïwan et la Corée du Sud, dont les sociétés civiles sont particulièrement vigoureuses, ont fait un choix différent de celui de l’Occident en matière de renoncement momentané à certaines libertés individuelles au profit du bien commun. Un débat qu’il est difficile de tenir en France, tant la défiance à l’égard des institutions est généralisée, mais qui devrait nous pousser à reconsidérer la nature de celles-ci et leur capacité à être plus proches des citoyens et, en un mot, plus inclusives. Un débat qui devrait nécessairement avoir lieu si la France, et plus encore l’Europe, souhaitent adopter les dynamiques d’un État moderne, sans pour autant verser dans les travers totalitaires de l'État plateforme.
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