Et si, cette fois, le plafond de verre se brisait ? Marine Le Pen arriverait au pouvoir à Paris, à un moment où Berlin, en pleine période de transition politique, ne serait plus à même d'exercer le rôle rassurant de pilier de stabilité qui a été le sien.
Mollesse
L'Amérique de Donald Trump n'attendait rien d'une Europe qu'elle méprisait pour sa mollesse, et rejetait pour ses instincts libéraux "de gauche". L'Amérique de Joe Biden, en dépit de son multilatéralisme bien réel et de ses déclarations d'amitié appuyées, n'attend pas beaucoup de l'Europe. Mais précisément parce que le Président Biden, dans ses premières semaines au pouvoir, est nettement plus "à gauche" que ne l'avait été le candidat Biden durant toute sa campagne, Washington se préoccupe des évolutions de la politique intérieure européenne, même s'il est évident que le nouveau Président des États-Unis ne se réveille pas le matin en se demandant qui sera le (ou la) prochain(e) locataire de l'Elysée.
Le Parti Républicain aux États-Unis est toujours plus proche, dans ses options populistes, du parti de Marine Le Pen en France que des conservateurs en Grande-Bretagne. Une victoire du RN à l'élection présidentielle de 2022 serait donc une bonne nouvelle pour les ultra-conservateurs américains. Dans le monde toujours plus interdépendant qui est le nôtre, ce n'est plus seulement l'Amérique qui est perçue comme le futur de l'Europe.
L'évolution politique de la France peut apparaître comme l'avenir d'une Amérique post-Biden. Les rôles peuvent s'intervertir si facilement. De fait, une victoire de Marine le Pen en France en 2022 - qui demeure peu probable pour l'auteur de ces lignes, mais moins inenvisageable qu'en 2017 serait un tremblement de terre pour l'Union européenne. Elle serait au moins l'équivalent de ce que furent, hier pour le monde, le vote en faveur du Brexit et l'élection de Donald Trump.
Pouvoir compter sur la France
On ne saurait bien sûr oublier les questions internationales. Washington voit dans les pays européens qui participent à la négociation sur le nucléaire iranien - à travers le JCPOA - des médiateurs utiles. L'Amérique souhaiterait également que les pays de l'Union européenne prennent plus clairement parti entre Washington et Pékin, et Washington et Moscou, même si la Chine et la Russie semblent tout faire désormais pour pousser les Européens dans les bras de l'Amérique. Et du Sahel à la Libye, l'Amérique se réjouit de pouvoir compter sur des acteurs européens, au premier rang desquels la France.
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