Dans un sens similaire, les Verts plaident pour une nouvelle stratégie industrielle européenne permettant à l’Europe de renforcer sa souveraineté technologique, dans le domaine des semiconducteurs comme dans celui de l’intelligence artificielle et de la 5G.
Comme l’a montré l’expérience de Verts dans le Bade-Wurtemberg, le pragmatisme économique l'emporte désormais sur l’idéologie et il semble aujourd’hui difficile de définir les contours d’une politique économique proprement verte, distincte de celle des autres partis.
Le domaine dans lequel les Verts se distinguent le plus nettement des partis au pouvoir reste sans doute celui de l'investissement. Comme l’explique Sven Christian Kindler, porte-parole des Verts pour les questions budgétaires au Bundestag dans une interview : "Si nous n’investissons pas massivement dans la protection du climat et la numérisation dès maintenant, nous allons manquer la jonction à l'échelle mondiale et pire encore, nous allons détruire nos moyens de subsistance (...) le moment est venu de lancer un fonds d'investissement de 500 milliards d'euros sur les dix prochaines années. Pour cela, nous avons besoin d'une réforme fondamentale du frein à l'endettement, afin que les investissements nets de ce fonds puissent être à l’avenir financés par des prêts". Dans le nouveau débat sur la dette qui émerge en Allemagne, la position du parti vert est plus facilement identifiable que celle de ses concurrents. Pour le parti écologiste, le frein à l’endettement représente un frein à l’investissement particulièrement dangereux pour un pays souffrant d’un manque chronique d'investissements publics depuis plusieurs années - une opinion désormais partagée par de nombreux économistes et par le BDI.
Conclusion
La Fédération de l’industrie allemande (BDI) a publié en décembre 2020 une évaluation du programme économique des Verts. Si ce document regarde de façon critique le positionnement économique du parti, c’est moins les orientations choisies que le manque de précision et de mesures concrètes qui est dénoncé dans cette analyse. Cette évaluation est révélatrice à la fois de l’attention nouvelle portée par les milieux d’affaires aux propositions des Verts, mais également de l'ambiguïté que le parti entretient en vue des prochaines élections.
Désireux de ménager la possibilité de former une coalition avec les conservateurs comme avec les Libéraux et le SPD, le positionnement économique des Verts reste incertain. Pour le parti vert, il s’agit moins d’affirmer une compétence nouvelle dans le domaine économique que de se présenter comme un partenaire crédible de coalition. Longtemps réticents à exercer le pouvoir, les Grünen sont désormais prêts à faire les concessions qui leur permettront d’assumer en Allemagne de nouvelles responsabilités.
Copyright : Tobias SCHWARZ / AFP / POOL
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