On peut sérieusement en douter, compte tenu de la reprise en main sévère effectuée par le pouvoir sur la justice et les médias. La remise en cause de la liberté en France ne se ferait pas bien sûr de manière radicale, mais progressive. Elle ne constituerait pas un événement mais un processus.
Une faute morale
Sur un plan géopolitique, l'argumentaire développé par Marine Le Pen pour privilégier l'alliance avec la Russie, ne tient tout simplement pas la route. Il traduit l'amateurisme de ses concepteurs. Il faut, dit-elle, prévenir un rapprochement entre Pékin et Moscou qui serait dangereux pour l'équilibre du monde. Mais cette alliance des autoritarismes existe déjà. Elle est "solide comme le roc" répètent en chœur comme une incantation ses principaux protagonistes, de Pékin à Moscou. À moins que le rêve secret de la candidate du Rassemblement National ne soit de s'ancrer à cet attelage "asiatique" ? Et ce, au moment ou en Chine comme en Russie, on ne peut que percevoir les difficultés des autoritarismes : à gagner la guerre contre le Covid pour Pékin, à gagner celle contre l'Ukraine pour Moscou. Pourquoi vouloir quitter l'organisation militaire intégrée de l'Otan au moment ou des pays comme la Finlande et la Suède font tout pour entrer dans l'Alliance ?
Que sont les diktats bureaucratiques de Bruxelles ou les pressions de Washington face à la menace constituée par Moscou ? Il y a un seul acteur qui représente aujourd'hui un danger immédiat pour notre liberté, nos valeurs, notre essence en tant que pays respectueux de l'état de droit et des différences qui existent entre ses concitoyens : c'est la Russie de Poutine. Comment vouloir comme allié, un pays, au moment où il apparaît plus que jamais comme un anti-modèle ? Un État que les meilleurs de ses citoyens quittent par centaines de milliers, parce qu'ils ne peuvent plus respirer l'air insoutenable qui a gagné le pays depuis le 24 Février ? Pourquoi délibérément choisir le camp du mal ? C'est non seulement une faute morale, c'est aussi un non-sens économique, stratégique, politique et culturel.
Ne pas voter Macron au second tour de l'élection présidentielle, c'est voter Poutine. C'est surtout, voter contre la France.
Avec l'aimable participation des Echos, publié le 18/04/2022.
Copyright : KIRILL KUDRYAVTSEV / AFP
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