Le troisième ordre d’inégalité est le plus traditionnel. Pour dire l’évidence : il vaut mieux être riche et en bonne santé pour pouvoir vivre bien confiné. Rien de véritablement neuf sous le soleil en la matière.
Quatrième registre des inégalités : le travail. En effet, de nouvelles fractures, qui existaient déjà, s’accentuent. Elles ne sont pas toutes très neuves. Il en va ainsi des protections et garanties de votre emploi qui n’ont strictement rien à voir selon que vous êtes dans le secteur public ou dans le secteur privé, exerçant en indépendant, dans une PME ou dans une grande entreprise. D’autres sujets sont plus inédits, comme la capacité de recourir, dans de bonnes conditions, au télétravail. Au sujet de l’emploi, épidémie et confinement montrent surtout ce que sont les emplois vraiment utiles. On a là le procès, de fait, des bullshit jobs qui ne servent à rien et qui encombrent l’économie.
Cinquième registre, que vous évoquez, celui des cours à la maison. Là aussi, au fond, pas grand-chose de véritablement inattendu. Pour parler comme Bourdieu, le capital culturel et le capital scolaire sont inégalement distribués. Le confinement scolaire pendant quelques semaines ne devrait pas y changer grand-chose. Toutes choses égales par ailleurs – si on pouvait calculer de la sorte – les meilleurs élèves travailleront. Les plus mauvais passeront leur temps sur les réseaux sociaux. Bien évidemment, les capacités des parents pour accompagner leurs enfants ne sont pas les mêmes. Mais ceci aura-t-il un impact notable sur les performances des enfants ? On peut s’en inquiéter en faisant du lyrisme. Si impact il y a, il ne sera pas déterminant. Donc, pas d’inquiétudes, si l’épisode ne dure bien que quelques semaines, pour les scolaires et les étudiants installés. En revanche – et on en parle moins – pour les étudiants préparant des concours, la période est terrible, et pose des questions d’équité générationnelle. C’est un terme pompeux pour dire que l’organisation des concours, publics ou privés, prend le Covid-19 en pleine figure, avec rupture d’égalité possible dans ces modalités, certes particulièrement françaises, d’accéder à certaines voies de l’enseignement supérieur.
Résumons. Coronavirus et confinement devraient être analysés, au sujet des inégalités, sur trois principaux axes : l’âge, l’habitat, le niveau de vie. Il y a là d’abord une inégalité que vivent les aînés, ensuite de la lutte des places (selon où vous habitez) et enfin de la plus traditionnelle lutte des classes.
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