L'analyse est peut-être objectivement juste. Elle ne tient pas compte de la dimension émotionnelle du problème. En décrétant que les femmes, contrairement aux hommes, ne peuvent librement disposer de leurs corps, la Cour Suprême des États-Unis s'est aliénée un peu plus de la moitié de l'humanité. Et ce au moment même où les organisations humanitaires dénoncent l'usage systématique du viol comme arme de guerre par les soldats russes. Des viols perpétrés sous les yeux des familles, pour faire le plus de dommages psychologiques à long terme. Au même moment, en Afghanistan, les talibans ont fermé l'accès à l'éducation au sexe féminin.
Le despotisme oriental ne triomphera pas pour autant
La crise incontestable du modèle démocratique occidental ne signifie pas nécessairement le triomphe inéluctable du despotisme oriental, porté par un Poutine qui rêve de Pierre le Grand et un Xi Jinping qui se voit comme un mélange entre un empereur de la dynastie Ming et Mao Tsé-toung, sans négliger sa fascination étrange pour Staline. Comme tous les régimes autoritaires, la Russie de Poutine est suspendue au sort des batailles. Et elle est loin de l'avoir encore emporté sur le terrain.
La Chine quant à elle, commence à se réduire démographiquement comme une peau de chagrin. Et depuis le durcissement spectaculaire du régime, il est plus difficile d'affirmer que le flambeau de l'histoire se déplace irrésistiblement vers une Asie dominée par la Chine. On peut même se demander si le grand bénéficiaire, à terme, de la centralisation extrême à l'intérieur et de l'aventurisme impérial à l'extérieur du pouvoir chinois, ne sera pas l'Inde, plus modérée en dépit du nationalisme religieux de son dirigeant actuel…
Voir dans les crises en Grande-Bretagne, en France et plus encore aux États-Unis, le symbole sinon la cause du passage de relais entre l'Occident démocratique et l'Asie autoritaire est un raccourci excessif. De fait, si l'on est pessimiste, il vaudrait mieux parler de décadence compétitive entre les systèmes démocratique et autoritaire.
Avec l'aimable autorisation des Echos, publié le 08/07/2022.
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