Pourtant, en 2020, le dictateur biélorusse fait semblant de pouvoir compter sur le soutien sans faille et sans limite de Moscou pour dissuader le peuple de poursuivre la contestation. Mais si Loukachenko n'est pas Erich Honecker, le dernier dirigeant de l'ex-RDA, Poutine n'est définitivement pas Gorbatchev. La démocratie à Minsk ne pourrait-elle, comme un "vent mauvais", gagner Moscou ? Laisser penser que la Russie peut toujours intervenir directement dans les affaires de son voisin russophone constitue une carte efficace. Et ce, d'autant plus que la Biélorussie est la partie de l'empire soviétique qui a connu le sort le plus tragique - proportionnellement à sa population - durant la Seconde Guerre mondiale. Le sang y a trop coulé.
Mais pour plagier le titre du très beau film d'Alain Resnais sur l'Espagne de l'après-guerre civile, "La guerre est-elle vraiment finie" en Biélorussie ?
Loukachenko dispose toujours de deux cartes sérieuses. Ses forces de sécurité ne semblent pas avoir d'états d'âme. Et les manifestants, qui ont besoin de nourrir leur famille, risquent de s'essouffler avec le temps qui passe.
Dans la crise biélorusse, l'Europe semble, en dépit de ses déclarations viriles, trop "mollement" concernée. Comment, à l'heure du coronavirus, s'engager dans une épreuve de volonté politique, face à un adversaire moscovite autrement plus motivé ? La popularité de Poutine remonte avec la crise en Biélorussie.
"Soutenez-nous dans nos efforts ou ouvrez-nous vos portes", dit à l'Europe la société biélorusse.
L'avenir de la Biélorussie est-il le retour informel dans la "Grande Russie" autoritaire ou l'ouverture à la démocratie à l'européenne ? L'Histoire hésite.
Copyright : TUT.BY / AFP
Avec l'aimable autorisation des Echos (publié le 28/08/2020)
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