En 2015, les participants à l'accord de Vienne sur le nucléaire iranien avaient réussi à se convaincre qu'un mauvais accord était préférable à pas d'accord du tout. En 2022, le contexte a changé, le ton aussi.
La carte nationaliste
Il convient toujours, pour les Américains, comme pour les Européens, d'éviter tout à la fois, l'escalade vers la guerre, et la possession par l'Iran de l'arme absolue. Mais si les objectifs demeurent les mêmes, l 'idée que la négociation puisse déboucher sur un accord véritable et pérenne a presque disparu. Les Iraniens vivent mal du fait des sanctions internationales, mais ils survivent, peut-être même mieux qu'ils ne le pensaient eux-mêmes. Le régime tient par la coercition et la peur qu'il inspire à ses citoyens, mais il compte aussi sur la carte nationaliste.
Une majorité d'Iraniens refuse de se voir imposer des limites par la communauté internationale. Pourquoi les héritiers de la Perse n'auraient-ils pas droit à une arme que possèdent des peuples "bien moins civilisés qu'eux", comme les Coréens du Nord ou les Pakistanais ?
Une interrogation demeure. Les Mollahs au pouvoir veulent-ils vraiment posséder une arme qui, dans leur esprit, assurerait la survie de leur régime ? Saddam Hussein ne possédait pas l'arme absolue, on connaît le sort qui fût le sien. Ou bien la négociation même, n'est-elle pas plus importante à leurs yeux que ne peut l'être son résultat ? Elle leur confère une centralité, qui sans elle, n'existerait pas.
Avec l’aimable autorisation des Echos (publié le 09/01/2022)
Copyright : ATTA KENARE / AFP
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