Mais collectivement, émotionnellement, ils se sentent avant tout des "Palestiniens". Cette perception est d'autant plus vive que l'explosion de la violence à Jérusalem-Est et dans la bande de Gaza et maintenant dans les villes "mixtes" du pays, renforce les soupçons à leur égard. Moins ils sont légitimes comme "Israéliens à part entière", aux yeux de la population juive, plus ils ne peuvent se percevoir, que comme "Arabes". La montée d'une extrême-droite, toujours plus extrême en Israël, ne peut qu'approfondir leurs malaises identitaires. Des Israéliens parlent de scènes de "pogroms" dans la ville "mixte" de Lod, si proche de Tel-Aviv. "Le dôme de fer" ne protège pas du retour d'images qui semblent, pour certains Israéliens, sortir de la "Nuit de Cristal". La technologie du futur est impuissante à conjurer les démons du passé. À quoi sert l'État d'Israël si des "pogroms" peuvent se produire sur ses terres ? Et à l'inverse, des scènes de lynchages d'Arabes (ou de personnes qui donnaient l'impression de l'être) ont eu lieu dans plusieurs villes israéliennes. Elles ont été dénoncées avec force par des dirigeants d'Israël, qui recueillent l'intolérance qu'ils ont semée.
En créant, avec son ami, Edward Saïd, l'Orchestre du Diwan, réunissant des musiciens israéliens et palestiniens, Daniel Barenboïm avait dit : "Ils ne peuvent pas vivre ensemble, qu'ils jouent ensemble." La musique ne peut servir de substitut à la politique. Les fondamentaux du problème restent les mêmes. La supériorité stratégique, économique, intellectuelle, scientifique d'Israël n'a fait que se renforcer avec le temps. Mais il est plus facile de contrôler un virus que les émotions d'un peuple.
Dysfonctionnement politique
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