Au-delà de la division traditionnelle entre partis, il existe une ligne de fracture qui dépasse les oppositions entre droite et gauche, religieux et laïcs. C’est la division entre les pros et les antis Netanyahu. Les pros mettent l’accent, avec justesse, sur son expérience - surtout à l’international -, sa réussite en matière de vaccination, et l’absence de toute personnalité alternative qui soit à "son niveau". Ni Lapid, ni Ganz, ni Bennet… ne sont susceptibles de le concurrencer sur ce plan.
Sa longévité politique unique dans l’histoire d’Israël n’est pas un accident. Les antis Netanyahu insistent, avec justesse également, sur la multiplication des accusations de corruption qui entachent les dernières années d’un Premier ministre qui se trouve face à une justice souveraine et indépendante. Est-il raisonnable de reconduire dans ses fonctions un homme qui risque d’être condamné par les juges ? Et qui de plus est prêt, l’expérience l’a prouvé, à toutes les dérives droitières, toutes les compromissions, toutes les alliances, bref tous les petits calculs politiques. Des petits partis religieux ne demandent-ils pas en échange de leur soutien un retour en arrière sur la politique d’égalité entre les hommes et les femmes ? On peut voir sur la chaîne Netflix une délicieuse série israélienne, intitulée Shtisel, qui décrit avec humour et surtout tendresse la vie d’une famille orthodoxe dans l’un des quartiers les plus religieux de Jérusalem. La fiction n’a hélas que très peu à voir avec une réalité beaucoup moins tendre et beaucoup plus brutale. Pour rester dans le monde des séries, on pourrait se demander si Netanyahu n’est pas le "Baron Noir" XXL de la politique israélienne.
Cette paralysie politique questionne l’état de la démocratie en Israël, mais aussi la viabilité de son système électoral et le fonctionnement du gouvernement. Les divisions qui existent entre les différentes communautés du pays ont-elles rendu le pays ingouvernable ?
Le système politique israélien est d’autant plus dysfonctionnel et paralysé qu’au delà des divisions autour de la personnalité de Netanyahu, au delà de la polarisation quasi structurelle de la société israélienne, il existe pour figer et magnifier ces fractures un système électoral à la proportionnelle absolue qui rend extrêmement difficile, sinon impossible, la constitution de majorités de gouvernement qui soient stables.
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