D’abord, les électeurs n’aiment pas revoter. Ensuite, les juges "courent après lui" pour des affaires de corruption. Pour l’opposition israélienne, Netanyahou a absolument besoin de rester au pouvoir pour ne pas se retrouver en prison.
Le parti de Benjamin Netanyahou est-il menacé ?
Il y a au sein du Likoud des "éléphants" qui commencent à exprimer leur frustration par rapport au mode de gestion du pouvoir de plus en plus centralisateur de Netanyahou, et même ce qui est dénoncé comme de l’autoritarisme. Depuis quelques jours, certaines voix disent que cette deuxième élection n’est peut-être pas nécessaire, et discutent la légalité du processus. Là encore, le parallélisme avec Erdogan continue. Le parallélisme tient à la personnalité des hommes et à leur pari de retour devant l’électeur, contraint et forcé pour Netanyahou, choisi pour Erdogan. On retrouve dans les deux situations une très forte personnalité qui bat des records de longévité au pouvoir, qui devient à chaque fois plus sûr de lui-même, et perd le lien non seulement avec le peuple, mais avec son parti, avec une irritation toujours plus grande autour de sa personne et de ses choix. On le voit bien en Turquie, au lendemain de la défaite assez humiliante d’Erdogan à Istanbul. Il y a une sorte de montée des oppositions et des critiques au sein de l’AKP et du Likoud. La grande différence est qu’en Turquie est apparu un candidat d’opposition crédible et réel qui peut menacer Erdogan à terme, alors qu’en Israël, Ehud Barak est revenu dans le jeu mais il est peu probable qu’il s’impose : il était rejeté il y a à peu près dix ans, pourquoi reviendrait-il aujourd’hui à 77 ans ? Benny Gantz et son parti "bleu blanc" a échoué au printemps, pourquoi réussirait-il à l’automne, à moins d’une aide massive de la justice israélienne ?
En quoi l’échéance électorale nouvelle a-t-elle fragilisé ou facilité le plan de paix défendu par Jared Kushner à Bahreïn les 25 et 26 juin ?
L’influence du report de ces élections est en réalité minime car le plan de paix proposé par les Etats-Unis n’avait de toute manière aucune chance d’être accepté par les Palestiniens et l’essentiel de la communauté internationale. Pourquoi ? Pour citer la Bible, car l’Homme ne vit pas que de pain, et que l’on achète pas un peuple avec un gros chèque. Il est déjà très difficile d’acheter son peuple, les Algériens en sont la démonstration, ils ont gagné du temps en 2011 en déposant un énorme chèque pour la paix civile mais les problèmes structurels de l’Algérie n’ont fait que s’aggraver depuis, et l’humiliation s’est rajoutée à la colère. Mais acheter un peuple qui n’est pas le sien, surtout le peuple palestinien, me paraît irréaliste. Leur dire qu’ils vivront prospères et heureux grâce aux $50 Mds que l’on met sur la table, c’est oublier les émotions, le rôle que jouent les questions de territoire et de souveraineté qui ne sont pas abordées dans le plan de paix Kushner.
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