On note par exemple que la proportion des plus de 65 ans est déjà de 12 %, alors que le revenu par habitant n'y équivaut qu'à la moitié de ce qu'il était au Japon lorsque ce dernier atteignit, à la fin des années 1980, une telle proportion.
Un rebond à confirmer
Il y a eu heureusement des effets de rebond après la pandémie : c'est le cas un peu partout dans la partie occidentale du continent, où l'on observait, en 2021, un retour de l'espérance de vie à la naissance aux niveaux pré-pandémiques. Y compris en France, où celle-ci a augmenté de nouveau en 2021 pour atteindre 85,4 ans pour les femmes et 79,3 ans pour les hommes (sans toutefois retrouver encore son niveau de 2019). Alors même qu'en pleine pandémie, le solde naturel était entré dans le rouge : pour la première fois depuis l'après-guerre, les décès avaient été, pendant six mois, supérieurs aux naissances. La natalité a même connu une hausse en 2021, mettant un terme à six années de déclin entre 2015 et 2020. Toutefois, ce rebond reste à confirmer, l'Institut national d’études démographiques ayant noté une forte corrélation entre les confinements et les conceptions (les secondes intervenant immédiatement après - et non pendant - les seconds).
Certains pays européens dans lesquels le rebond n'a pas été aussi marqué ont mis la natalité au cœur de leur programme politique. C'est le cas depuis plusieurs années de la Hongrie de Viktor Orbán, et désormais de l'Italie de Giorgia Meloni. Il n’est pas exagéré de dire que le succès des forces dites populistes est partiellement du à "l'angoisse démographique" qui résulte d'un effondrement du solde naturel et de la perception d'une immigration incontrôlable. La Hongrie a vu sa population diminuer de 350 000 habitants au cours des dix dernières années. L'Italie, pour sa part, a enregistré en 2021 le plus faible nombre de naissances depuis l'unification (moins de 400 000) et pourrait voir, selon une étude réalisée sur place, sa population fondre de 10 % d'ici 2050. Rome veut prendre le même chemin que Budapest : le ministère de la famille s'appelle désormais "et de la natalité". Mais si les politiques volontaristes peuvent avoir un impact - le taux de fécondité en Hongrie est passé de 1,2 à 1,5 naissance par femme au cours des dix dernières années - elles ne permettent pas d’infléchir la tendance à court ou moyen terme.
Une chose est certaine : il n'est pas trop tôt pour étudier de près les effets possibles de la baisse de la population mondiale sur la croissance, l'innovation et la consommation.
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