C’était tout à fait nouveau, car, quand ils se mobilisaient, c’était plutôt sur d’autres questions comme l’éducation. En quelques mois, le mouvement a pris partout beaucoup d’ampleur et d’autres groupes comme Parents for Future, Scientists for Future ou Extinction Rebellion ont vu le jour.
La pandémie de Covid-19 et les mesures de distanciation sociale prises pour la contenir ont mis un coup d’arrêt brutal aux rassemblements publics. Comment les mouvements pour le climat ont-ils réagi ?
Sabrina Zajak
La pandémie a mis sérieusement à l’épreuve tous les mouvements sociaux, car la possibilité de manifester a été considérablement restreinte par l’interdiction des rassemblements. Les mouvements ont fait face à ces défis de différentes manières : certains, y compris les mouvements pro-migrants par exemple, ont engagé des actions en justice pour revendiquer le droit de réunion et organiser de petites manifestations dans le respect des règles d’hygiène et de distanciation. Les Fridays for Future ont pu s’appuyer sur des infrastructures numériques très développées, qu’ils avaient déjà mises en place dans le cadre de leur mise en réseau à l’échelle de l’Allemagne et de l’Europe. Ils ont organisé des offres éducatives alternatives, se sont penchés sur la signification de la pandémie pour le mouvement en lançant le hashtag #WirBildenZukunft (Nous formons l’avenir) et ont revu leurs revendications en les renouvelant. En même temps, ils ont eu recours à des formes de protestation numériques, mais surtout hybrides, c’est-à-dire combinant des actions en ligne et hors ligne. Par exemple, ils ont suscité beaucoup d’attention par leur action devant le Bundestag en avril 2020, en signalant symboliquement l’ampleur de la protestation par plus de 10 000 pancartes et en organisant simultanément une grève en ligne. À partir de l’été 2020, les Fridays for Future se sont solidarisés avec divers autres mouvements antiracistes et pro-migrants comme Black Lives Matter et Unteilbar et ont organisé leurs propres manifestations physiques d’envergure, en respectant les règles d’hygiène et de distanciation, notamment pour se démarquer des "anti-corona", de plus en plus nombreux.
Yann Le Lann
En France, la spécificité c’est que le mouvement pour le climat sous sa forme de manifestations de masse a commencé tôt, plusieurs mois avant les mobilisations allemandes. Il s'est aussi arrêté plus tôt qu’en Allemagne puisque depuis la manifestation de septembre 2019, où se sont déroulés des affrontements entre certains groupes de manifestantes et de manifestants et les forces de l'ordre, il n'y a plus eu de mobilisations massives.
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