On pense donc que le Président américain a jugé qu’il n’était pas opportun de se montrer dans un moment de convivialité avec M. Poutine. Ce dernier a quitté Buenos Aires en faisant savoir qu’il ne relâcherait pas les marins ukrainiens qu’il détient, aussi longtemps que M. Porochenko resterait au pouvoir à Kiev. C’est sans doute sa manière à lui de marquer sa mauvaise humeur.
Quand à MBS, il a dansé avec tout le monde : arrivé en paria, il est reparti à nouveau adoubé, ayant saisi l’occasion d’enchaîner une série d’entretiens bilatéraux, fussent-ils des apartés, comme avec le Président Macron. Le seul participant au sommet qui soit resté glacial avec lui a été le Président turc, M. Erdogan. En revanche, les grandes accolades entre M. Poutine et MBS ont été remarquées. C’est l’un des paradoxes de l’affaire Khashoggi : le Président américain a la volonté de préserver la relation stratégique de Washington avec le prince héritier saoudien, mais l’une des leçons que celui-ci tirera sans doute de cette affaire est la nécessité d'accroître la diversification de ses alliances.
Pour être complets, ajoutons que Buenos Aires a été aussi l’occasion d’une rencontre à trois, entre M. Modi, M. Trump et le Premier ministre japonais, M. Abe. L’année prochaine, le sommet du G20 se tiendra au Japon. Le Brésil sera représenté par M. Bolsonaro, nouveau venu dans le club des néo-autoritaires qui, avec probablement le nouveau président mexicain, M. Andres Manuel Lopez Obrador, pourrait constituer avec M. Trump un autre trio. Il y a ainsi toute une géopolitique des néo-autoritaires qui se dessine sous nos yeux : elle n’est pas faite que de connivences, comme en témoigne la rupture Erdogan-MBS ou le refroidissement entre M. Poutine et M. Trump. Elle a évidemment pour corollaire un rétrécissement de la coopération internationale sur les grands enjeux de gouvernance. ABuenos Aires, peut-être le pire a-t-il été évité, notamment en matière de commerce, mais les travaux de ce sommet du G20 paraissaient singulièrement décalés par rapport aux risques que font peser la tendance au retournement de l’économie mondiale, la compétition numérique sans règle du jeu, le retard pris dans la lutte contre le changement climatique, la montée des inégalités. Sans compter bien entendu la politique au bord du gouffre que l’on voit se propager sur le plan géopolitique au Proche-Orient (crises en chaîne), en Asie (mer de Chine du Sud) et en Europe (Ukraine).
Crédit photo : GCIS
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