Pendant le confinement, la déprogrammation des actes non-urgents et le renoncement aux soins ont entraîné une baisse du recours aux soins, une prise en charge repoussée des nouvelles pathologies et une chute des actes de prévention. Et le recours pourtant massif à la télémédecine n’a pas suffi à enrayer ce mouvement. D’après l’Assurance maladie, l’activité des ophtalmologues ou des chirurgiens-dentistes a été quasi-nulle. Les médecins généralistes ont vu leur activité diminuer de 30 %. Le recours à la vaccination s’est effondré (-43 % pour la vaccination HPV, -16 % pour le rougeole-oreillons-rubéole (ROR)). Une augmentation des troubles du sommeil, de l’anxiété et de la dépression a été enregistrée. Pire, une première estimation de la surmortalité par cancers, durant le confinement, est établie entre 2 % et 5 % par l’Institut Gustave Roussy. Un nouveau confinement dégraderait donc la santé de tous les Français, occasionnant une surmortalité de moyen et long terme, sans garantir de réduction significative de la mortalité associée à le Covid-19 ou de diminution des cas graves enregistrés.
Quelles pourraient être les conséquences économiques d’une telle décision ?
Les mesures économiques ne peuvent produire leurs effets potentiellement bénéfiques sans une large acceptabilité de l’intervention de l’État. Or, aujourd’hui, une grande partie des Français a conscience du fait que le risque de tomber malade, de développer des formes sévères ou de décéder de ce virus diffère selon l’âge, l’état de santé ou le lieu de résidence. Ils savent aujourd’hui que la pandémie est mortelle chez les aînés ou très incapacitante pour les personnes souffrant de maladies chroniques (antécédents cardiovasculaires, diabète et obésité, pathologies chroniques respiratoires, cancers, insuffisance rénale, cirrhose, splénectomie, drépanocytose…). Par ailleurs, les inégalités territoriales face au virus justifient des mesures de discrimination spatiale dans la gestion de cette crise. L’Insee a, en effet, démontré que c’est dans les communes les plus denses que la surmortalité a été la plus prononcée.
Désormais davantage conscients du risque réel encouru, les générations jeunes, en emploi et en bonne santé et les habitants des territoires ruraux accepteront-ils, à nouveau, de sacrifier leur bien-être pour un résultat incertain sur la santé des plus fragiles ? Toute nouvelle entrave à leur liberté pourrait être jugée particulièrement inique et donner lieu à des comportements de forte résistance.
Ajouter un commentaire