Un réveil pour l'Europe commence par le choix des hommes - dans le cas d'espèce plutôt des femmes - pour les postes clés de l'Union Européenne. Il faut prendre pour chaque position les meilleurs, indépendamment de leurs affiliations politiques ou de leurs nationalités. L'Union est presque morte de son absence d'incarnation, et du manque de charisme de la plupart de ses dirigeants, au moins récents. "La perspective d'être pendu concentre l'esprit", disait Mark Twain. La présidence de la Commission ne devrait-elle pas revenir à une femme forte, comme la Danoise Margrethe Vestager, qui a fait la preuve de sa détermination dans le combat contre les Gafa ?
Au-delà du choix des dirigeants, il y a celui des politiques. Les partis du centre doivent "verdir" considérablement leurs choix, les partis verts doivent européaniser, recentrer, les leurs, à l'exception des verts allemands qui se sont déjà engagés sur cette voie.
La vulnérabilité de la démocratie illibérale
Mais la résilience de la démocratie représentative s'explique aussi par la vulnérabilité de la démocratie illibérale. Tous les populistes ne se comportent pas comme le vice-chancelier autrichien qui a été la "victime" récente de son appétit d'aides financières de provenance russe pour son parti. Mais comme dans "Les animaux malades de la peste", s'ils ne mouraient pas tous, tous étaient atteints, les scandales de nature financière constituent le talon d'Achille des populismes.
Aux Etats-Unis, pour autant que les démocrates puissent s'unir derrière un candidat éligible, ce qui peut menacer Donald Trump, c'est la dimension financière de ses liens avec la Russie. En Israël, incapable de former un gouvernement, Benjamin Netanyahu, va devoir retourner devant les électeurs en septembre, à un moment où les investigations à son encontre risquent d'avoir pris une autre dimension.
L'Histoire n'a pas tranché. La tentation illibérale peut s'inscrire dans un cycle long, tout comme elle peut n'être qu'une simple parenthèse, prête à se refermer après s'être ouverte : un avertissement sérieux mais sans frais pour la démocratie représentative.
L'heure d'un premier jugement viendra avec les prochaines élections présidentielles américaines. Les démocrates pro-Europe ont tenu le choc en mai 2019. La défaite ou la réélection de Donald Trump constituera un test autrement plus important pour la démocratie "classique".
Nous commémorons ce 6 juin, le soixante-quinzième anniversaire du D Day. Les Américains sauront-ils « se libérer » de Donald Trump en 2020, comme ils ont libéré la Normandie en 1944 ?
Avec l'aimable autorisation des Echos (publié le 31/05/2019)
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