A moins d’un choc important, sur l’offre (compétitivité) ou sur la demande (confiance), l’économie européenne devrait être — en théorie du moins — moins sensible au ralentissement mondial que la Chine ou les États-Unis, grâce à la bonne tenue de sa demande intérieure. La probabilité que les enchaînements économiques ne suivent pas ce scénario raisonnable et plutôt optimiste est malheureusement significative, en raison de deux risques internes à l’UE.
Deux facteurs de risque : Brexit et l’Italie
Du premier risque on a tant parlé qu’on risque de le sous-estimer. Si, au 1er avril, le Royaume-Uni quittait l’UE sans autre forme de procès, le choc d’offre causé par la chute temporaire des échanges et la désorganisation des chaînes de production pourrait être considérable. Certes, il serait bien plus important pour le Royaume-Uni que pour les 27 ; certes, l’intégration économique entre les économies continentales est plus importante qu’avec le R.U., pour la production de biens tout au moins, mais il n’en demeure pas moins que le choc serait négatif, sans qu’il soit possible de le chiffrer à l’avance avec précision, tant les effets de réseau sont difficiles à quantifier, en particulier dans le domaine financier.
Le second risque est la trajectoire de l’économie italienne. Même si l’on sait à Bruxelles que l’Italie présente un risque systémique, et à Rome que la population italienne tient à la stabilité économique associée à l’euro, il n’en demeure pas moins que l’économie a stagné au cours des six derniers mois en raison du resserrement des conditions monétaires, de crédit aux PME en particulier, causé par la défiance des marchés (c’est-à-dire des épargnants italiens principalement) vis-à-vis des extravagances du programme de la coalition Lega-Cinq Etoiles. La stimulation budgétaire devrait redonner des couleurs à l’économie, mais dans le même temps, elle ravivera les doutes que les marchés et les pays de la zone euro, garants de sa crédibilité monétaire, l’Allemagne avant tout, ont déjà sur la soutenabilité de la dette publique italienne, et sur la solidité de son système bancaire, dont les bilans sont loin d’être nettoyés. L’expérience a montré que l’économie italienne est résiliente, que sa dette publique, à défaut d’être soutenable à long terme, est bien gérée, et que les entreprises, qui travaillent souvent en réseau dans le Nord de l’Italie, sont innovatrices et font preuve de grandes capacités d’adaptation. A court terme, le risque semble donc être plus politique que financier ou économique.
En France, les industriels sont plutôt optimistes
Pour conclure, un mot de la France. Si l’année 2018 fut décevante, se terminant par une stagnation de la demande intérieure, les perspectives 2019 pourraient être meilleures. Commençons par les moins bonnes nouvelles. L’enquête mensuelle de l’Insee auprès des promoteurs indique en janvier une poursuite de la dégradation de la demande de logements neufs. Si les conjoncturistes attachent de l’importance à cette enquête, c’est qu’elle a souvent détecté à l’avance les points de retournement. Il est cependant probable qu’un facteur exogène, le remplacement de l’ISF par l’IFI, est à l’origine de sa chute, illustrée par la nette dégradation des apports personnels rapportée par les promoteurs.
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