La dérive autoritaire, nationaliste et religieuse débouche naturellement sur l’impérialisme et l’aventurisme extérieur en Méditerranée, qui s’inspire de l’annexion de la mer de Chine du Sud poursuivie par Pékin. Ils s’inscrivent dans le projet de reconstituer l’empire ottoman et de prendre le leadership du monde arabo-musulman avec l’appui des Frères musulmans.
La France se retrouve en première ligne face à la Turquie, comme le prouve le ciblage de la frégate Courbet par la Marine turque le 10 juin dernier. Le soutien d’Ankara à bon nombre de groupes djihadistes d’inspiration sunnite, de la Syrie à la Libye, constitue un obstacle à la lutte contre le terrorisme islamiste. Les deux pays s’opposent également en Syrie autour des Kurdes qui ont joué un rôle décisif dans la défaite militaire de l’État islamique. Surtout, la France ne peut que soutenir la Grèce face aux violations de sa souveraineté, en raison de la solidarité entre partenaires européens, de la violation ouverte du droit international par la Turquie, de l’enjeu stratégique que représente le gaz de la Méditerranée pour la réduction de la dépendance énergétique de l’Europe vis-à-vis de la Russie de Vladimir Poutine.
Quels sont les objectifs de l'exercice réalisé entre mercredi et vendredi derniers par Chypre, la Grèce, la France et l’Italie dans le cadre de l’Initiative quadripartite de coopération (QUAD) ? Dans quelle mesure l’Europe peut-elle s’emparer des enjeux sécuritaires qui se posent à ses frontières méditerranéennes ?
La Turquie, à l’égal de la Chine et de la Russie, utilise l’épidémie de Covid-19 pour accélérer le déploiement d’une politique de puissance au mépris du droit international et de la liberté de navigation en Méditerranée. Elle teste en même temps l’unité et la volonté des démocraties européennes de défendre leurs valeurs et leur souveraineté. Et elle ira jusqu’à ce qu’elle rencontre des limites. Il est donc très important, sans tomber dans le piège de la surenchère, d’afficher la solidarité des pays européens, notamment des puissances méditerranéennes, avec la Grèce et de marquer, pendant qu’il est encore temps, la capacité à s’opposer aux coups de force de la démocrature turque. C’est tout le but de l’exercice naval organisé entre la Grèce, Chypre, la France et l’Italie dans le cadre de l’initiative QUAD au sud et au sud-ouest de Chypre.
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