Pour répondre aux critiques qui lui sont adressées, l'Inde met en avant l’argument d’une dépendance "justifiée" et difficile à infléchir, mais aussi l’argument d’une relation spéciale avec le régime russe. Si l’Europe et l’Inde divergent dans leurs ajustements, leur dépendance commune aux importations de combustibles fossiles est un élément qui, en fin de compte, les approche. Elle favorise en réalité la possibilité d’un renforcement de leur coopération en matière de développement des énergies propres, mais aussi de partage de technologies en faveur de l'efficacité énergétique.
L'Europe et l’Inde se retrouvent aussi dans la prise de conscience croissante du changement climatique, qu’elles ont toutes deux en commun. Bien sûr, l'Inde, exposée à l’intensification du climat chaud et humide qui la caractérise, est en première ligne puisque particulièrement vulnérable à ces changements. Les sécheresses et les températures élevées qui ont frappé l’Europe au cours de l'été 2022 montrent que l'Europe n’est pas non plus exemptée.
Dans ce contexte, l'UE et l’Inde ont pour l’instant une relation relativement timide dans l'arène multilatérale de la CCNUCC. Toutefois, elles se considèrent mutuellement comme des partenaires clés en matière de politique climatique. L'Inde, la Commission européenne et les États membres de l'UE mettent d’ailleurs régulièrement l'accent sur leurs coopérations existantes, notamment à travers :
le partenariat pour une énergie propre et le climat, établi par l’Europe et l’Inde en 2016 ;
l’alliance solaire internationale, proposée conjointement par l'Inde et la France ;
le Leadership Group for Industry Transition ;
la Plateforme internationale sur la finance durable ;
la Coalition pour des infrastructures résilientes face aux catastrophes (Coalition for Disaster Resilience Infrastructure).
Ces nombreux cadres de coopération reflètent le fort potentiel d'une collaboration Europe-Inde accrue pour leurs politiques climatiques respectives. Ils identifient les futurs points de coopération possibles avant et après la COP27 qui s’avèrent aujourd’hui capitaux pour la lutte contre le changement climatique.
Financements climat
Lors de la COP26, le Premier ministre Modi a demandé aux pays développés de mettre à disposition 1 000 milliards de dollars en financements climat, notamment pour aider l’Inde dans sa transition énergétique et ses mesures d’adaptation au changement climatique. Cette prise de position, qui a fait beaucoup de bruit, rappelle la cruelle réalité : les financements climat restent aujourd’hui insuffisants, en particulier pour les pays en développement. Il faut s’attendre à ce que la finance climat soit un élément clé des négociations lors de la COP27, en premier lieu en ce qui concerne les mesures d’adaptation. Obtenir des financements climat, à la fois publics et privés, est essentiel pour l’Inde, et relève d’un sujet qui sera au cœur des futures relations entre l'UE et l'Inde. Mais quels en seront les fondements ?
L'augmentation significative des financements climat implique une action réglementaire et une coopération importantes, notamment au niveau des critères de référence pour le financement de la transition. La feuille de route conjointe Europe-Inde à l'horizon 2025 évoque cet enjeu. Mais quels leviers convient-il d’activer ?
Le financement public ne saurait être la seule solution face à l’étendue des besoins en financements climat. L'Inde et d'autres pays doivent attirer des financements privés. Pour ce faire, il faut des normes reconnues au niveau mondial et davantage de coopération sur la meilleure manière de flécher les investissements sur les projets les plus pertinents.
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