Traitement éthique des migrants
"Il ne faut pas toucher aux idoles : la dorure en reste aux mains", écrivait Gustave Flaubert dans Salammbô. Il ne faut certes pas idéaliser Angela Merkel. Son projet européen ne fit pas preuve d'une imagination débordante. Dans sa politique, "l'humain d'abord" (le traitement des migrants) alternait parfois avec "l'Allemagne d'abord", sur la question des surplus budgétaires de son pays ou sur la dette grecque. Mais au bout du compte, c'est "l'Europe d'abord" qui prévalut la plupart du temps. Et pour cela nous lui devons admiration et reconnaissance.
Mais aujourd'hui son temps est passé. Sera-t-elle capable de rester à son poste de chancelière jusqu'à la fin de son quatrième mandat, en 2021 ? On peut en douter. Elle est confrontée à l'érosion naturelle du pouvoir. Même Vladimir Poutine en Russie, à la tête d'un régime autoritaire ou d'une démocratie parfaitement illibérale, connaît une chute brutale de popularité. Après dix-huit années d'exercice ininterrompu du pouvoir, comme président ou comme Premier ministre, ce n'est pas une surprise.
Erosion naturelle du pouvoir
Cette usure a été accélérée dans le cas d'Angela Merkel par son traitement, éthique plus que politique, de la crise des migrants et, au-delà, par l'esprit du temps (le Zeitgeist). La chancelière vient de connaître des défaites successives lors des dernières élections régionales. Au point de renoncer à la présidence de son parti pour sauver l'essentiel à ses yeux, son maintien à la tête du pays.
Son départ programmé n'est une bonne nouvelle ni pour son pays ni pour l'Europe.Dans l'immédiat, sa faiblesse politique aggrave les incertitudes à la veille des élections européennes de mai 2019. Elle fait aussi, potentiellement, une victime collatérale principale : son allié politique et partenaire privilégié, le président français Emmanuel Macron.
Victime collatérale
Pourtant il n'y a pas que des leçons négatives à tirer de la situation actuelle de l'Allemagne ou de celle de l'Europe en général. La défaite spectaculaire des deux grands partis qui se sont partagé le pouvoir depuis des décennies, la CDU/CSU et le SPD, profite certes au parti d'extrême droite l'AfD, mais plus encore aux écologistes. Des Verts qui en Allemagne sont non seulement soucieux de l'avenir de la planète, mais aussi européens et centristes.
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