On considère généralement que la présidence de la République serait pour lui une rampe de lancement vers la Guidance, comme cela avait été le cas pour l’Ayatollah Khamenei (président pendant deux mandats, de 1981 à 1989).
Dernière leçon, la plus importante, de cet épisode : pour la première fois depuis la fondation de la République islamique, l’élection du Président se fera sans véritable compétition, sauf percée inattendue de l’un des concurrents de M. Raïssi, que rien ne laisse présager. Au sein même des conservateurs, cette situation a été critiquée. Jusqu’ici, le "filtrage" des candidatures avait permis d’offrir un choix aux électeurs, entre personnalités toutes acquises aux fondamentaux de la République islamique certes, mais représentant des tendances différentes ou des intérêts variés.
Si l’on extrapole, on peut en déduire une inflexion du régime, qui se rapproche ainsi des régimes autoritaires classiques, alors qu’un élément de pluralisme avait jusqu’ici caractérisé la République islamique. Dans cette hypothèse, la légitimité, déjà déclinante, du régime ne pourrait qu’en souffrir.
Dans l’immédiat, il fait peu de doutes que le taux de participation aux élections sera particulièrement faible. En préférant assurer la victoire de son candidat sans vraie concurrence, la caste militaro-religieuse qui gouverne le pays paraît avoir fait le choix d’assumer le déficit de légitimité du régime. Elle semble considérer que le temps est révolu où il était opportun de ménager l’opinion dans sa diversité. Cela conforte donc l’hypothèse d’une inflexion, voire d’une mutation de la République islamique
Quel impact sur la politique extérieure ?
On en arrive au paradoxe. Il n’est pas certain qu’une administration dirigée par M. Raïssi modifierait beaucoup la ligne de politique étrangère de l’Iran - de toute façon fixée pour l’essentiel par le Guide.
Autant que l’on puisse en juger, il semble que les conservateurs partagent avec le camp réformiste le constat d’une situation dramatique pour l’économie et la situation sociale du pays. Le PIB se serait contracté de -12 % au cours des deux dernières années, le Covid-19 ajoutant ses effets aux pressions maximales de Donald Trump - et à la mauvaise gestion du pays.
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