Cette extraordinaire stabilité ne fait que renforcer le côté dysfonctionnel de la démocratie israélienne, caractérisée par un système électoral qui, bien qu’adapté en 1948 pour traduire la diversité de la société, est aujourd’hui devenu un piège insurmontable. En effet, le système de proportionnalité intégrale est miné par les divisions profondes au sein de la société israélienne et par la centralité de la personnalité de Benjamin Netanyahou, qui attire et rejette tout à la fois. La conjugaison de tous ces éléments ne peut mener qu’à un mélange explosif.
Le Premier ministre sortant doit se présenter en octobre devant le procureur d’Israël qui décidera de son inculpation dans trois affaires de corruption. Sa situation semble donc plus périlleuse que lors des dernières élections. Quelles en sont les conséquences pour le scrutin à venir ?
L’implication de Benjamin Netanyahou dans ces affaires est l’un des grands enjeux du scrutin, mais j’ignore si cela déterminera véritablement le vote des Israéliens. Il y a une forme de cynisme grandissant dans la société israélienne qui amène les électeurs à penser qu’il n’est peut-être pas plus corrompu qu’un autre. En plus de cela, le calendrier lui est relativement favorable : le procureur général va s’exprimer le 3 octobre, soit 15 jours après les élections.
En même temps, Benjamin Netanyahou se trouve en plus grande difficulté qu’au mois d’avril, pour deux raisons principales :
- premièrement, les électeurs sont mécontents de revenir aux urnes après à peine 6 mois, du fait de l’incapacité du Premier ministre à former une coalition ;
- deuxièmement, les accusations de corruption ont fait augmenter les réticences,voire le rejet, des Israéliens à son égard, sans pour autant qu’elles atteignent son noyau dur.
Au delà de ses affaires judiciaires, la droitisation de l'électorat en Israël peut paradoxalement défavoriser Benjamin Netanyahou. Bien qu’il ait intérêt à faire gagner des partis de droite ultra-orthodoxes pour obtenir plus de sièges à la Knesset, il ne peut pas demander aux électeurs de voter pour un parti plus radical que le Likoud.
Ceci étant dit, les comportements électoraux de certains segments de la population ont tendance à favoriser Benjamin Netanyahou : les Israéliens ultra-religieux, fortement encouragés par leur rabbin, ont tendance à aller voter plus massivement que d’autres parties de la population, comme la communauté arabe par exemple.
Les voix russes seront sûrement décisives durant ces élections : la communauté russophone, qui représente environ 15 % de la population totale, est majoritairement laïque et à droite. Le rapprochement entre le Likoud et les partis religieux peut choquer une partie de ces électeurs, qui votera alors pour le parti de Lieberman.
Selon les derniers sondages, le Likoud devancerait de peu le parti Bleu et Blanc mené par Benny Gantz et Yaïr Lapid. Pour rester en tête, de multiples facteurs doivent jouer en faveur de Netanyahou. Selon vous, quels en sont les principaux ?
Sur le plan de la politique étrangère, des facteurs tendent à favoriser Netanyahou. Il y a une forme d’alliance implicite entre le Premier ministre sortant, le Hezbollah et le Président iranien, dans le sens où chacun est le meilleur ennemi de l’autre. Tous ces acteurs ont intérêt à se maintenir réciproquement au pouvoir car c’est par leur présence qu’ils peuvent justifier leur rejet mutuel.
Ajouter un commentaire