Jamais la comparaison, parfois faite entre le déclin des États-Unis et celui de l’Empire romain n’a semblé plus légitime. En refusant de condamner les suprématistes blancs, en les encourageant même à la résistance, le président des États-Unis en appelait déjà à la négation du résultat possible des élections.
Il semblait provoquer les Américains, leur disant droit dans les yeux : "une majorité d’entre vous peut vouloir voter contre moi, mais vous verrez je ne me laisserai pas faire, ne compter pas sur moi pour concéder ma défaite. Mon camp ne s’y résignera pas". Jamais depuis la guerre civile, l’Amérique n’a été à ce point divisée sur l’essentiel. Mais dans les années 1860, l’Amérique était loin d’être ce qu’elle est devenue et demeure encore (pour combien de temps ?) la première puissance mondiale.
Ses divisions internes importaient peu ou secondairement à l’équilibre du monde. En 2020, force est de constater qu’il n’y a qu’un vainqueur lors du premier grand débat : les régimes autoritaires, au premier rang desquels, bien sûr, la Chine. Xi Jinping est le seul à sortir victorieux de cette triste parodie de démocratie. Tout se passe comme si l’Amérique s’était fixée comme ambition de légitimer les critiques que ses principaux opposants font d’elle. Au moment où l’Amérique étale ainsi ses divisions et risque potentiellement de s’enfoncer dans la violence, sinon de sombrer dans la guerre civile, l’ombre de la Chine s’étend sur le monde. Les alliées démocratiques de l’Amérique doivent apprendre à vivre avec cette Amérique qui non seulement ne les protège plus, mais constitue par ses désordres et ses convulsions, un parfait anti-modèle, sinon une menace directe sur ses institutions démocratiques. Après l’Amérique, à qui le tour ?
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