L’exemple du recours à la téléconsultation durant l’épidémie de Covid-19 illustre bien comment les mentalités peuvent évoluer très vite en période de crise et pour répondre à l’urgence. En effet, la consultation à distance "s’est installée auprès des médecins libéraux comme une modalité pertinente de prise en charge des patients, que ce soit pour l’orientation et le suivi des patients concernés par une forme non sévère du Covid-19 ou pour le suivi de patients souffrant d’autres pathologies" comme l’indiquait la CNAM dans un communiqué le 31 mars 2020. En effet, pour la semaine du 23 mars 2020, 44 % des généralistes avaient consulté par téléconsultation grâce à la levée des contraintes réglementaires.
Au-delà de l’intérêt des pratiques de soins à distance, l’épidémie de Covid-19 a ainsi mis en avant auprès du grand public l’enjeu de disposer de données fiables pour suivre la propagation du virus sur le territoire. En effet, les autorités sanitaires ont joué la carte de la transparence en publiant de façon quotidienne et inédite un état des lieux de la propagation du virus en France ce qui a sensibilisé les citoyens à l’importance de ces données épidémiologiques pour anticiper et améliorer l’action publique.
Afin de consolider cette confiance des citoyens dans l’intérêt du numérique, il est urgent de prendre des mesures qui permettent de rassurer l’opinion publique sur le bien-fondé du partage de données de santé et communiquer sur des cas d’usage. Ainsi, nous recommandons la création d’un observatoire des usages de la donnée de santé géré par des membres de la société civile (associations de patients, fédérations de médecins, etc.) pour rendre régulièrement public l’usage qui est fait des données pour la recherche, le suivi des patients, l’amélioration des prises en charge, etc.
L’enjeu de la confiance dans les outils digitaux et l’usage de la donnée de santé, concerne également les professionnels de santé et implique de ce fait l’acquisition des compétences nécessaires pour utiliser les outils numériques pour réussir la transformation digitale du système de santé. Au Royaume-Uni, le NHS a créé un groupe de consultation d'experts interdisciplinaire indépendant entre 2017 et 2019 pour décrire les nouveaux besoins en compétences, les rôles et fonctions des professionnels de santé dans un contexte de digitalisation rapide, ainsi que les conséquences pour la formation (initiale et continue) des professionnels de santé. Une telle démarche pourrait être mise en place en France pour identifier les besoins en formation des étudiants et des professionnels.
De manière toute aussi importante, l’acculturation aux outils numériques, la création d’une culture de la confiance, la formation aux usages de l’IA et de la donnée devront irriguer l’ensemble des formations d’encadrement en santé.
Copyright : LAURIE DIEFFEMBACQ / BELGA / AFP
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