En France, Pompidou De Gaulle : le duo qui scella le destin de tous les autres ?
La France a bien entendu eu ses duos. Celui que formèrent le Général de Gaulle et son Premier ministre George Pompidou en est l’exemple inaugural dans l’histoire de la Ve République, après le référendum de novembre 1962.À la fois le plus abouti, il est certainement aussi le plus ambivalent. Revenons, nous aussi, sur une partie de leur Histoire. Les deux hommes, appartenant à deux générations différentes et aux styles on ne peut plus opposés, se rencontrent en 1944. Le second, professeur d'hypokhâgne au lycée Henri IV, rejoint alors le cabinet du président du Gouvernement Provisoire, où il est chargé des questions d’éducation. Georges Pompidou devient très rapidement "l’homme de confiance du Général", lui qui dira en 1973 que "nul, sa famille mise à part, ne l’a au total approché autant que moi, n’a connu sa pensée mieux que moi, n’a pu observer l’homme, en tant qu’individu et en tant qu’homme d’État, autant que moi".
Lorsque de Gaulle revient au pouvoir en 1958, c’est Pompidou qu’il appelle pour diriger son cabinet jusqu’à son installation à l’Élysée. Nommé au Conseil constitutionnel en 1959, Pompidou ne s’éloignera jamais véritablement du Général, qui lui demande de préparer les accords d’Évian. Une fois les accords approuvés par référendum, De Gaulle rappelle Pompidou et le nomme Premier ministre, le 14 avril 1962. Une décision qui peut alors surprendre, Pompidou n’étant ni un politique, ni un parlementaire ni même un gaulliste historique, ce qui a pu susciter quelques perplexités, voire hostilité, chez les gaullistes et les autres élus. Depuis cette date, jusqu’au 10 juillet 1968, Pompidou restera le vaillant Premier ministre de De Gaulle, battant ainsi tous les records de longévité à ce poste. Profondément marqué par l’instabilité du régime de la IVe République, Pompidou n’aura de cesse, durant ses années à Matignon, de défendre la Ve telle que De Gaulle l’avait conçue, s’érigeant progressivement en dauphin naturel du Général et, par là même, en protecteur du régime présidentiel, dont les imperfections étaient pourtant déjà bien visibles. Le duo De Gaulle / Pompidou lui-même était notoirement déséquilibré, le second évoluant dans l’ombre du premier jusqu’en 1968, date de l’inévitable rupture où les aspirations et l’émancipation du second déplurent profondément au premier. Comme l’écrivait alors le Nouvel observateur : "Le "successeur" perçait sous le Premier ministre. Dès ce moment, il semble que de Gaulle ait décidé de se débarrasser de lui, à la première occasion."
Si les relations entre les deux hommes se dégradent à partir de 1965, pour se rompre définitivement en mai 1968 - qui marque le départ de Pompidou, remplacé par Maurice Couve de Murville - ils n’en gardèrent pas moins une vision alignée du pouvoir présidentiel. Preuve en est, lorsque Pompidou annonce sa candidature à l’élection présidentielle de 1969, il récolte une adhésion massive de la part de la classe politique gaullienne, signe que l’héritage gaullien n’était en rien dévoyé (seuls quelques gaullistes de gauche ont exprimé leurs désaccords).
Ajouter un commentaire