Le lien direct, presque mathématique, entre l'étendue de la dette égyptienne et la richesse des "généraux égyptiens" s'est renforcé au moment où ce qu'il restait de liberté était férocement muselé.
Printemps des peuples européens
L'expression de "printemps arabe", tout comme celle plus récemment de "printemps algérien" - faisant référence au Printemps des peuples européens de 1848 - était-elle, dès le départ, une illusion trompeuse, ou bien est-ce encore trop tôt historiquement, pour en juger ?
Si la comparaison entre le Printemps européen de 1848-1849 et celui, arabe, de 2010-2011, demeure légitime, n'est-ce pas, avant tout en raison de leurs échecs respectifs ? En Europe, ce n'est pas le Parlement de Francfort qui unifia l'Allemagne, mais la Prusse de Bismarck. Et, en France, c'est Louis Napoléon Bonaparte qui sut tirer les bénéfices des désordres révolutionnaires.
Au cœur traditionnel du monde arabe, en Égypte, après l'expérience très peu concluante, c'est le moins que l'on puisse dire, des Frères musulmans au pouvoir, l'armée a repris le contrôle du pays, de manière plus brutale encore que du temps de Moubarak. Le maréchal Sissi sait qu'il peut compter sur le mélange de peur de l'islam radical, et d'appétits mercantiles de nombre de pays occidentaux, pour souder des amitiés que l'éthique devrait condamner, mais que la politique encourage.
Cynisme universel
Depuis des décennies, dans ses relations avec le Moyen-Orient et le Maghreb, le monde occidental apporte, de manière presque parfaite, les preuves de ses contradictions éthiques. "Plutôt que d'être moraux de manière sélective et hypocrite, autant faire preuve d'un cynisme universel et décomplexé", disent les tenants de la realpolitik. "La politique internationale n'est pas faite pour les âmes simples : esprits sensibles s'abstenir."
L'espoir sincère de nombreux observateurs, sinon acteurs - qui ne se résignent pas à voir la majorité des pays du Moyen-Orient et du Maghreb condamnés pour l'éternité à la sclérose, la corruption et la violence - semble avoir été balayé par l'épreuve des faits. Cela ne signifie nullement que l'Histoire donne raison aux "réalistes" qui mettent l'accent sur la vanité, le danger même de croire que l'idée de progrès puisse s'appliquer à cette partie du monde.
Règne de la kleptocratie
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