Dans les Conseils Européens, il existe une véritable complicité entre Mario Draghi et Emmanuel Macron. Laisser partir Draghi au Quirinal, c'était prendre le risque du retour de l'instabilité.
Sans Draghi au palais Chigi, l'Italie allait retomber dans ses péchés mignons, derrière une classe politique contaminée par l'habitude de jeux de pouvoir d'une sophistication qui font paraître les querelles d'hier au sein de l'Empire byzantin d‘une simplicité enfantine.
Un mal anglo-saxon
Au-delà du sort respectif de Mario Draghi et de Boris Johnson, il y a celui de leurs deux pays. L'Italie entend conserver le plus longtemps possible le surcroît de légitimité que lui a donné - sans doute pour la première fois de son histoire récente - l'ancien président de la BCE : un homme tout à la fois plus modeste que Mario Monti, plus sage que Matteo Renzi et plus expérimenté qu'Enrico Letta.
Si l'Italie a besoin de continuité, le Royaume-Uni a besoin de changement. Il peut exister autour de Boris Johnson l'équivalent politique d'une garde prétorienne, prête à tout, pour le maintenir au pouvoir malgré ses limites personnelles évidentes, ou peut-être même à l'inverse en raison de celles-ci.
Y aurait-il, au sein de nos sociétés démocratiques, un mal qui affecterait tout particulièrement le monde anglo-saxon ? C'est une hypothèse qui mériterait d'être considérée. En attendant, l'expérience britannique confirme le risque pour un pays de porter au pouvoir un dirigeant populiste plus soucieux de son avenir personnel que de celui de son pays.
La compréhension, sinon même l'affection qu'une partie des Britanniques semblait conserver pour BoJo s'est réduite comme une peau de chagrin. Le respect pour Draghi des Italiens, lui, continue de croître.
Avec l’aimable autorisation des Echos, 31/01/2022
Copyright : Andreas SOLARO / AFP
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