L’objectif est de créer un nouveau consensus sur l’islam, qui soit compatible avec l’identité républicaine française.
2. Un travail théologique, historique et critique
Plus concrètement, l’État doit par exemple encourager la formation des imams – mais pas croire qu’il va la faire lui-même – ou allouer davantage de crédits à la recherche en islamologie. Intervenir en prison est également essentiel : parmi les 1 300 individus radicalisés en France, 250 le sont devenus en milieu carcéral. La coercition est importante mais il faut aussi tout faire pour créer le doute chez les radicalisés. Pour y arriver, il faut créer une relation de confiance : donner des cours d’arabe, de lecture du Coran ou encore de calligraphie pour commencer. Parler ensuite des interprétations du Coran et des hadiths pour faire douter. C’est un travail long, fin, avec des chances de succès variables. Mais c’est un travail indispensable !
3. Travailler avec la société civile
Enfin, l’État doit travailler en partenariat avec des militants. Un discours alternatif sur l’islam ne peut se créer qu’avec des interlocuteurs issus de la communauté musulmane. L’État doit donc identifier des individus capables d’incarner un nouveau discours sur l’islam et de mener cette campagne idéologique sur les réseaux sociaux. Il doit aider par ailleurs à la mise en place d’un système de financement du culte via l’instauration d’une redevance sur les activités économiques liées à l’islam (le halal, le pèlerinage). Beaucoup a été fait pendant le quinquennat Macron : des actions opérationnelles avec la mise en place dans les “quartiers de reconquête républicaine” d’une action coordonnée de tous les services de l’Etat (police, justice, douane, répression des fraudes…) ; une intégration dans le droit commun d’une partie de la loi sur l’état d’urgence permettant un suivi plus efficace des personnes radicalisées ; des décisions d’éloignement du territoire, de fermetures de mosquées, de lutte contre les contenus haineux volontaristes ; une action volontariste pour tenter de mieux organiser l’islam de France qui n’a malheureusement pas abouti.. Reste encore beaucoup à faire, notamment travailler avec les musulmans… Ils ont été les oubliés de ce combat. Pour deux raisons : d’une part, l’État a du mal à associer la société civile à ce combat ô combien régalien et, d’autre part, les musulmans prêts à s’engager dans ce combat restent malheureusement peu nombreux.
→ Retrouvez l’ouvrage de Hakim el Karoui et Benjamin Hodayé publié par l’Institut Montaigne aux éditions Fayard (2021), Les militants du djihad.
Copyright : Anne-Christine POUJOULAT / AFP
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