Une nouvelle série diffusée sur Netflix intitulée Space Force imagine une opération de conquête de la Lune lancée par l'armée américaine pour asseoir la suprématie des États-Unis dans le domaine spatial. Comment analysez-vous le nouveau rapport de force entre les puissances et la place de la Lune dans ce jeu ?
De la fiction à la réalité, il n’y pas une si grande distance… Pour l’instant, l’existence d’un nouveau rapport de force dans le domaine spatiale est indéniable, mais il faut rappeler que celui-ci n’a pas été modifié fondamentalement par le vol habité de SpaceX. Les Russes font ce type de vol sans interruption depuis 1961. De même, les Chinois sont autonomes et font même des tests pour une nouvelle capsule spatiale qui pourrait avoir des capacités supérieures à celle de SpaceX en leur permettant d’aller plus loin, plus longtemps. En restant relativement discrète sur ses ambitions, la Chine rattrape cependant progressivement les Américains et poursuit une stratégie tous azimuts, dont la Lune fait clairement partie.
Alors qu’il y a dix ans, l’objectif d’aller sur la Lune aurait pu paraître dépassé, celui-ci apparaît central désormais. Pour la Chine, cet objectif symbolique se fonde sur l’idée exprimée par le responsable du programme chinois d’exploration lunaire : "Si nous n’y allons pas maintenant, alors que nous en sommes capables, nos descendants nous le reprocheront. Si d’autres que nous y vont, ils vont s’en emparer et vous ne pourrez plus y aller, même si vous le voulez. C’est une raison suffisante." Cette vision fait écho aux enjeux en Antarctique : ils représentent tous deux des objectifs symboliques à court-terme, certes, mais importants.
Il y a également un potentiel scientifique pour la conquête de la Lune, que cela concerne la composition du sol ou la présence d’eau, par exemple. Mais en réalité la Lune comporte surtout un intérêt politique. Pour le moment, la capsule Orion de la NASA reste centrale et l’Europe, en payant une partie des coûts, est associée au projet avec l’espoir de pouvoir un jour envoyer une femme ou un homme sur la Lune. Mais toujours pas de projet de vol habité européen autonome en vue. Contrairement à l’Inde par exemple qui a décidé de franchir cette étape.
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