Dans le même temps, le modèle démocratique français risque d'être fragilisé par des facteurs externes, notamment une potentielle future ingérence étrangère dans la politique électorale. Au cours de la campagne de 2017, En Marche ! a déjà été victime d'un piratage informatique, impliquant le dévoilement numérique de neuf gigaoctets d'e-mails internes et de fichiers comptables. Le parti a attribué cette attaque à des agents liés à la Russie, dont l’objectif était de déstabiliser la campagne d’Emmanuel Macron dans sa dernière ligne droite. Cette tentative fait écho au piratage de la campagne démocrate d'Hillary Clinton en 2016, qui a contribué à l'empêcher de remporter l'élection présidentielle américaine.
En France, la petite équipe de cybersécurité d'En Marche ! a organisé une manœuvre de contre-sabotage, noyant les courriels de fausses informations pour en minimiser les dommages, évitant ainsi que le résultat final soit affecté. C'était en tous cas un signe avant-coureur de ce qui pourrait arriver. D’ailleurs, une fois élu, Emmanuel Macron n'a pas hésité, alors qu’il se tenait aux côtés de Vladimir Poutine lors d'une conférence de presse au château de Versailles en mai 2017, à qualifier Russia Today et Spoutnik "d’organes d'influence, de propagande" ayant diffusé des "mensonges" sur lui pendant la campagne.
La capacité continue des réseaux sociaux liés à la Russie à créer des problèmes a été mise en évidence lors des manifestations des Gilets jaunes. Une étude d'Avaaz, un mouvement mondial de citoyens, a montré qu'entre le 1er novembre 2018 et le 6 mars 2019, de fausses informations ou des articles de désinformation ont été vus 105 millions de fois sur Facebook et partagés quatre millions de fois. Il s'agissait par exemple de clips comme "Macron danse pendant que la France proteste" ou d’une autre vidéo, dans laquelle une image de supporters de rugby de Clermont Auvergne portant des maillots jaunes était utilisée pour illustrer une prétendue manifestation des Gilets jaunes. Les sites Web et des comptes pro-Poutine sur les réseaux sociaux ont joué un rôle déterminant dans la diffusion de ces informations. Parmi les 500 vidéos YouTube les plus populaires en France concernant les Gilets jaunes, le média le plus regardé a été Russia Today (RT). Dans l'ensemble, les clips RT concernant les Gilets jaunes ont eu plus de succès que ceux du Monde, de L'Obs, du Huffington Post, du Figaro et de France 24 réunis.
Enfin, il y a la position du Président Macron lui-même. En 2022, il sera jugé sur sa crédibilité : en tant que leader capable de créer des emplois, d'assurer la croissance économique et de mener une politique respectueuse de l'environnement, ainsi que sur sa capacité à gouverner de manière responsable, à communiquer avec le peuple français et à faire entendre la voix de la France en Europe et dans le monde. La prochaine fois, en tant que Président sortant, le discours d’Emmanuel Macron n'aura ni la nouveauté, ni le caractère disruptif qui ont caractérisé sa campagne de 2017. En tant que Président en exercice, son message politique devra porter sur la poursuite des travaux en cours et non sur une rupture avec le régime actuel.
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