Gestion mondiale du risque infectieux
Les historiens considèrent aujourd'hui que la répétition d'épisodes de peste, tout particulièrement sur le bassin méditerranéen, a très probablement profité au développement des villes du Nord de l'Europe, des Flandres à la Ligue hanséatique. Ce basculement au XVIIe siècle du sud vers le nord de l'Europe, n'a-t-il pas pour équivalent aujourd'hui au niveau mondial, un mouvement de bascule, de l'Ouest occidental vers l'Asie ? Un mouvement déjà existant mais qui pourrait être confirmé et accéléré par le Covid-19 ?
En 1918-1919, la grippe espagnole avec ses 50 millions de morts (comparé aux 60 millions de la guerre) est à la fois beaucoup plus proche de nous dans sa temporalité et plus distante dans ses enseignements. Intervenant à la fin de la guerre, elle ne domine pas l'actualité comme peut le faire, de manière exclusive, le coronavirus aujourd'hui. Elle se déroule pour l'essentiel à l'ombre médiatique de la Grande Guerre. Au regard des effets de cette dernière, la grippe espagnole a des effets économiques et géopolitiques finalement assez faibles. Son impact le plus durable sera d'ordre sanitaire. Elle fait prendre pleinement conscience de la nécessité d'une gestion mondiale du risque infectieux : même s'il faut attendre 1948 pour que naisse enfin, dans le cadre des Nations unies, l'OMS (l'Organisation mondiale de la santé).
L'avenir de la liberté
Ce rappel historique avait pour simple ambition de favoriser une prise de conscience de l'ampleur des enjeux auxquels nous devons faire face aujourd'hui. Notre société hyperconnectée à l'heure de la mondialisation et de l'intelligence artificielle n'a que peu à voir avec Athènes, l'Europe du Moyen Age ou même le monde d'il y a un siècle. Et (espérons-le) le niveau de mortalité entre les pandémies du passé et le coronavirus sera de nature très différente.
Mais la crise à laquelle nous faisons face désormais est la plus importante de notre génération. Les décisions que nous allons prendre auront un impact décisif sur le monde pour les années, sinon les décennies à venir. Et pas seulement en ce qui concerne nos systèmes de santé, mais nos économies, nos systèmes politiques et plus fondamentalement peut-être encore, le devenir de nos cultures. Ce qui est en jeu, c'est l'avenir de la liberté, avec la nécessité de trouver un juste équilibre entre la sauvegarde de nos corps et la protection de nos esprits. Nous n'avons pas le droit de nous tromper, d'en faire trop en matière de contrôle, par peur de n'en pas faire assez en matière de santé ou vice versa.
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