Enfin, dernière réserve ou au moins interrogation : fallait-il que les Européens se mêlent d’une affaire qui reste une affaire intérieure, dans un pays qui n’est pas clef pour leurs intérêts géopolitiques ? Certains observateurs soupçonnent que, en Europe comme aux Etats-Unis, des considérations de politique politicienne internes ont pu présider aux choix effectués par les gouvernements. On a pu s’étonner aussi qu’un Orbán, par exemple, s’aligne sur la position européenne, à la demande apparemment du gouvernement espagnol. Là encore, peut-être faut-il relativiser la critique : il n’est pas en soi anormal que des décisions de politique étrangère soient en partie au moins conditionnées par des motifs de politique intérieure. De surcroit, la position de M. Guaido est soutenue par la très grande majorité des Etats d’Amérique Latine ; parmi les grands pays, seul le Mexique fait bande à part, non par soutien à Nicola Maduro mais pour préserver l’option d’une "médiation" entre les deux camps qui se déchirent au Venezuela.
Cette seule considération – sauf à paraitre totalement indifférents à la ligne adoptée par les pays latino-américains (et quels qu’aient été par ailleurs les motivations de ceux-ci) – était en elle-même une raison suffisante pour les Européens de prendre parti.
La vraie question est plutôt de savoir ce qui va se passer maintenant. Sur le plan interne vénézuélien, les deux parties cherchent à obtenir le soutien de l’armée, qui risque d’être décisif. Pour l’instant, l’armée bloque, sur ordre du gouvernement Maduro, les convois d’aide humanitaire envoyés de l’extérieur. Il reste à voir si la loyauté de l’armée au régime va se maintenir et quel sera l’impact de ce refus du régime de laisser entrer l’aide humanitaire dont la population a un besoin impérieux.
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