Les tests essentiels pour aider la reprise d’activité
L’enjeu des tests est tout à fait prioritaire pour permettre une reprise d’activité dans de bonnes conditions. Il existe deux types de tests : ceux qui dépistent la présence des antigènes du virus et ceux qui détectent la présence des anticorps du virus et témoignent d’une infection apparue quelques jours ou mois auparavant. Aujourd’hui, ils ne sont disponibles que dans les laboratoires de ville et à l’hôpital et en quantité relativement limitée. Dans les semaines ou les mois qui viennent j’espère que nous aurons accès en grande quantité à des tests de dépistage d’anticorps de qualité qui permettront d’identifier les personnes immunisées. Les employeurs pourront en tirer parti pour gérer cette population double au sein de l’entreprise.
Toutefois, nous devons faire avec les enjeux règlementaires autour des données de santé : le statut médical est une information confidentielle que le salarié n’est pas censé confier à l’employeur. Celui-ci n’est pas censé non plus établir une liste de personnes immunisées ou non contre le coronavirus. Ce contexte légal, notamment Européen, lié à la réglementation des données personnelles et médicales doit être intégré et devrait peut-être évoluer dans le cadre de l’urgence sanitaire pendant laquelle l’accès à cette information est important.
On peut imaginer que le rôle de la médecine du travail sera de faire les tests ou de se positionner comme conseiller auprès de l’entreprise sur la base du résultat et de l’interprétation des tests. Ces tests, comme tout test diagnostic, doivent faire l’objet d’une interprétation délivrée par un personnel de santé.
Le siège d'International SOS se trouve à Singapour. La situation y est très particulière avec très peu de cas et une activité économique apparemment peu touchée. Pourriez-vous revenir sur ce cas ?
Singapour est une micro-cité de cinq millions d’habitants entourée de voisins très peuplés comme le Vietnam et l’Indonésie. Singapour est passé à travers de nombreuses de crises sanitaires et notamment le SRAS en 2003. À cette époque des mesures extrêmement novatrices avaient été employées : quarantaines couplées à de la vidéosurveillance, mise en place de la distanciation sociale, screening à l'aéroport, distribution massive de masques et éducation de la population. De plus, il y a eu plusieurs épidémies qui se sont succédé dont celle du H1N1, du MERS en 2015, du virus ZIKA en 2016 avec 450 cas et plusieurs foyers sur toute l’île, sans oublier la fièvre dengue qui frappe tous les ans. Cela a créé un sentiment de vulnérabilité sanitaire dans la communauté et chez les gouvernants qui se préparent à l’irruption de crises sanitaires qui pourraient affecter la vie économique.
Le gouvernement a établi un plan en 4 phases, qui décrit, en fonction de l’irruption d’un événement de type virus ou autre, l’impact sur la communauté, la vie sociale, économique et politique. L’État est prêt à répondre à des crises sanitaires et les entreprises se préparent également en miroir de ce plan national. Il y a ainsi une adéquation du politique et de l’économique en réponse à la crise sanitaire. Par exemple, chaque année, il y a des exercices dans toute l’industrie financière singapourienne pour tester la continuité de l’activité face à un événement. Tous les 3 ou 4 ans, le scénario choisi est une pandémie grippale. Ainsi, tous les 3 à 4 ans, l’industrie financière se prépare pendant 24h à vivre un scénario de crise pour tester et valider les plans tels qu’établis. Tout cela participe à un esprit de vigilance et de responsabilisation des acteurs.
Copyright : GUILLAUME SOUVANT / AFP
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